Archives de 14 juillet 2012

C’est l’histoire d’un malentendu géant, planétaire

qui est né dans un pays du Bassin Méditerranéen

Un pays où on prie encore ouvertement la Madone sans se faire cataloguer mystique par le psy et où la solidarité familiale existe encore aussi, l’Italie.

J’ai appris en latin l’histoire decet homme qui ne croyait pas à ce qui lui arrivait et répétait « je suis citoyen romain. »
Aujourd’hui en Toscane, un homme qui est aussi « quelqu’un » doit se dire la même chose en étant à peu près aussi stupéfié que Domitius ULPIANUS.

Il y a peu, Francesco SCHETTINO dès la levée de son assignation à domicile, a voulu parler après bientôt six mois de silence imposé. Il a donné une interview au cours de laquelle il a dit en particulier ceci pour les victimes du 13 janvier :

« Chiedo scusi. Sono distrutto. Ero un incidente. »

Ce qui signifie : « Je vous demande pardon. Je suis effondré. C’était un accident. »
C’est ce que j’ai lu sur la presse italienne où les nouvelles paraissent en premier, bien sûr.
Et les commentaires des premiers jours, ont réapparus sous les articles des journaux-web.

En parcourant la presse française ce matin, quelque chose clochait et les commentaires étaient franchement agressifs, incivils, injustes et surtout décalés entre le message global qui avait été envoyé par Francesco SCHETTINOet le retour qu’il en recevait.

C’est en lisant l’article (référence et lien) publié sur le Figaro, avec la réaction de la maman de Mylène et Michaëlque je suis restée sans voix.

Sans voix parce que je pensais que Francesco SCHETTINOavait dit ce qu’il devait dire, qu’il devait garder en lui depuis six mois et que cela avait réactivé « la haine » des réactions des premiers jours, à chaud.

Qu’écrire en commentaire ? comment dire « mais ce n’est pas possible » à la mère et au père dont le cœur est à vif dans sa révolte contre la perte d’êtres jeunes pour lesquels la vie à deux aurait du commencer ?

 

C’est alors que j’ai compris, moi qui utilise les traducteurs en ligne gratuits, j’ai reconnu leurs mots, mes erreurs du début quand j’essayais de suivre sans leur aide un soutien qui me tenait à cœur.

Les mots importants, les messages, n’ont pas passé à la traduction. Pire, ce sont devenus autant d’offenses.

‎ »Schiedo scusi », je vous demande pardonest devenu « excusez-moi » presque s’cusez, quoi.

‎ »Sono distrutto », je suis effondréest devenu (sans le traducteur celui-là) « j’étais distrait »

et pour achever la demande de pardon : « ero un incidente », c’était un ACCIDENTest devenu, comme dans la chanson Tout va très bien Madame la Marquise « un incident », une bêtise ? la mort de votre jument grise ?

 

J’ai compris qu’en bout de chaine, on est allé involontairement voir les parents du jeune couple de SARCELLES avec un message faux par traduction. Comment vouliez-vous qu’ils puissent un seul instant envisager le pardon en leur apportant cette info ? exprimée avec ces mots-là, en ces termes-là !

Un pardon qui leur est pourtant nécessaire, autant qu’aux autres familles de victimes, autant qu’à tous les survivants pour pouvoir, peut-être un jour reprendre une vie, différente certes, mais vivable après les deuils et les traumatismes.

Un pardon qui est aussi nécessaire à Francesco SCHETTINO, parce que, que vous le vouliez ou non, sous la casquette du Commandant de la Costa Concordiapour lequel il est aussi logique que pour vous et moi de faire une punition lorsqu’on a fait une bêtise, il y a un homme, un mari et un père de famille et il y a un survivant comme les autres.

Ils vivent tous les trois, lui, sa femme et sa fille enterrés vivants depuis 6 mois, sans aucun revenu. Et non, Madame, il n’est pas libre, il ne va pas ici et là dans sa bonne ville de Meta di Sorrento. Parce que les journalistes sont revenus camper devant sa porte pour essayer d’avoir un scoop en risquant de le pousser à la faute, à parler de ce qu’il ne faut pas avant un procès qui s’éloigne encore une fois.

 

Alors, devant le gâchis dont j’ai pris conscience ce matin, je me demande si « l’homme le plus haï d’Italie » comme je viens aujourd’hui de le lire encore sur un article du jour, dans ce beau pays où les dialectes locaux sont encore parlés couramment, ne serait pas en plus victime tout simplement d’erreurs de traduction cumulées.

Depuis quelques années, les journaux sur papier disparaissent les uns après les autres et les journalistes, sur le Web mondial, ont des conditions de travail différentes et un public différent qui réagit à chaud après avoir lu en diagonale sur l’écran d’un téléphone mobile un article écrit dans leur langue maternelle dont les sources viennent parfois d’un pays où personne ne la connait.

La diffusion de l’actualité en direct se traduit par des mises à jour plus que quotidiennes, qui doivent être réalisées dans toutes les versions des journaux quasi-simultanément. Cela ne peut se faire que par des moyens informatiques qui ont leurs limites eux-aussi lorsqu’il faudrait que chaque mot soit choisi avec soin.

Madame, Commandant, j’étais enseignante en Sciences Physiques, je vous demande pardon pour ce que ses applications vous ont fait vivre ce matin.

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10 Commentaires

Dites-moi franchement, aujourd’hui, 6 mois après l’accident,

essai : fait directement sous l’éditeur de WordPress

Vous avez droit à plusieurs réponses mais pas à plusieurs fois la même,

vous pouvez ajouter votre pensée pourvu qu’elle soit courtoisement exprimée,

n’oubliez pas de cliquer sur « Votez » après avoir bien réfléchi.

Vous avez une semaine pour répondre à ce questionnaire,

ensuite il n’enregistrera plus de réponse.

Et j’ajouterai le bilan des votes ci-dessous.

Voici les résultats du sondage :

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