Archives de août 2012
Certains membres de l’équipage se sont conduits en héros cette nuit là : le cas de Giuseppe
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO, Journal de bord le 9 août 2012
Les faits : Giuseppe GIROLAMO est le musicien de la Costa Concordia qui a donné sa place sur la chaloupe de sauvetage à un enfant. Son corps a été retrouvé et rendu à sa famille. Son enterrement s’est passé dans un calme médiatique tristement proche de l’oubli.
Ses collègues de travail, eux, ne l’ont pas oublié : un nouveau groupe vient de naitre sur Facebook
cliquez sur l’image pour les rejoindre
Voici le texte que le site où je suis allée signer leur pétition en sa mémoire m’a proposé pour la diffuser au maximum, je l’ai traduit de mon mieux :
Cari amici / chers amis,
Ho appena letto e firmato la petizione online.: «Dedichiamo una via o Piazza a Giuseppe» / je viens juste de lire et de signer la pétition en ligne : « Dédions une rue ou une place à Giuseppe »
(Je rappelle que Giuseppe GIROLAMO est le musicien de la Costa Concordia qui a donné sa place sur la chaloupe de sauvetage à un enfant. Giuseppe ne savait pas nager, il fait partie de ceux qui ne sont pas revenus. Le groupe Les amis des survivants de la Costa Concordia sur Facebook souhaite appuyer sa démarche auprès de Monsieur le Maire de sa ville natale par cette pétition.)
http://www.petizionepubblica.it/PeticaoVer.aspx?pi=P2012N23683
Io concordo con questa petizione e penso che anche tu potrai essere d’accordo. / Je suis d’accord avec cette pétition et je pense que vous aussi, vous pourriez être d’accord.
Firma la petizione e divulgala fra i tuoi amici. / Signez la pétition et faites-la circuler parmi vos amis.
Grazie, / Merci pour lui,
Monique GUICHARNAUD
L’évacuation de la Costa Concordia … pourquoi ? …
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO, Journal de bord le 6 août 2012
… mais pourquoi ? …
Pour n’importe quel hôtel, pour n’importe quel HLM à plusieurs étages, n’importe quel Lycée, le problème de l’évacuation se pose aussi bien qu’ait-elle été pensée par l’architecte, reprise par le propriétaire, mise en évidence sous forme de pancartes, de fléchage, de marquage au sol, de vidéos, d’exercices, de tous les moyens humainement possibles et imaginables, il y a toujours une grande inconnue : comment ça va se passer si un jour ça arrive ?
Je ne reprendrai pas ce qui avait été prévu pour l’évacuation de la Concordia, j’ai dit tout ce que je savais à ce sujet (vidéo, pancarte et gilet de sauvetage dans la cabine).
Mais il reste encore et toujours un gros pourquoi.
… pourquoi y a-t-il eu ces comportements de panique qui ont généré parfois de très vilaines choses dont 6 mois après on n’est peut-être pas très fier ? …
Réfléchissons :
la côte était à 13 m, le port le plus proche à 300 m, tout le monde réveillé et les lumières de PORTO GIGLIO étaient encore allumées
la Concordia, posée sur le fond rocheux à quelque distance de la fosse la plus proche ne pouvait plus couler complètement
l’encadrement humain et professionnel procheétait là, reconnaissable à la couleur jaune de son gilet de sauvetage
les Officiers faisaient leur boulot, qui dans la passerelle le maximum de temps, qui sur les ponts ou à la recherche de renseignements techniques que le black-out ne permettait pas d’avoir autrement qu’à pied avec leur uniforme ou en civil. C’est vrai, ceux qui n’étaient pas de quart dormaient aussi quand c’est arrivé, ils ont accouru comme ils étaient (à moins de leur imposer des pyjamas fluos …)
On dirait que je plaisante. Vous voyez un autre moyen ?
Le pont 4, c’est là qu’il fallait arriver :
en orange les escaliers, en rouge les portes, à un ou deux battants et en bleu les chaloupes de sauvetage
le bleu le plus foncé pour celles qui doivent partir les dernières
pour les deux autres bleus, je vois bien qu’elles ont une forme différente mais je n’en sais pas plus
Tous les professionnels de la mer qui étaient là
cliquer sur l’image pour la voir en entier
en haut le Commandant, j’ai précisé K1 parce qu’il n’est pas le seul à porter ce titre à bord. C’est celui que j’appelle “le Commandant qui commande”, traduction littérale et surement impropre de l’italien. C’est celui qui porte pour tout le monde la seule casquette valable (merci pour les autres Commandants qui ne sont qu’à 1 examen ou concours du même grade) et la responsabilité officielle de l’accident jusqu’au jour du procès. C’est lui qui a coordonné tout ce qu’il a été humainement possible de coordonner sur un bateau géant basé sur l’électricité et l’électronique où les principaux générateurs d’électricité justement ne fonctionnaient plus.
Le K1, au Collège où sont scolarisés vos enfants c’est Monsieur le Principal, au Lycée c’est Monsieur le Proviseur.
juste au-dessous en vert, les Officiers. Tous les autres Officiers, c’est-à dire les messieurs et dames que les passagers ont eu l’habitude de voir en uniforme. J’en ai mis un nombre qui doit être de l’ordre de grandeur de la réalité. Ils n’étaient pas tous de service, mais leurs gilets de sauvetage étaient jaunes, comme ceux de tout le personnel de chez COSTA Croisière.
Sauf celui du Commandant qui commande : ne pensant pas devoir quitter si tôt son navire, il n’en avait pas mis. Je ne pouvais donc pas en parler avant. Il aurait été jaune, je pense.
Les Officiers, dans un Lycée, ce sont : le ou les Proviseur(s)-Adjoint(s), le Chef des travaux, le Gestionnaire ou l’Intendant, les CPE, le Chef-cuisinier, l’Agent-chef (pardon si j’oublie quelqu’un mais ça m’étonnerait).
entre les Officiers et les passagers, les membres de l’équipage. J’ai arrondi à mille, pardon aussi si vous me lisez. Et là, nous constatons que le nombre de marins par Officier est bien grand. Quand la sirène n’a plus fonctionné, je me demande comment les consignes leur ont été transmises. J’espère, sans trop y croire, qu’ils avaient un téléphone portable d’entreprise.
Au Lycée, ce sont les surveillants s/c des CPE, les professeurs s/c du Proviseur et du Proviseur-Adjoint ou du Chef des Travaux, les agents de la cantine s/c du Chef-cuisinier, les agents d’entretien et de maintenance (OP), la lingère s/c l’Agent-chef.
et les 3000 passagers, les hôtes. La proportion théorique est de 1 personne de chez COSTA pour 3 passagers. Marins en premier dans le cœur et pour le courage, entrainés toutes les semaines à faire face à un naufrage que l’on n’espère pas mais qu’on prépare parce que le jour où il a lieu, ce n’est plus le moment. En colonie de vacances, vers 1970 l’encadrement était de 1 moniteur pour 7 enfants. Les hôtes, c’est vous, c’est moi à la retraite.
Les élèves, ce sont les passagers, et les familles, ce sont les parents d’élèves.
Pourquoi y a t il eu des morts ? pourquoi les passagers ont-ils si mal vécu cet accident ?
Ils avaient pour Commandant qui commande, Francesco SCHETTINO, le meilleur pilote de la flotte COSTA Croisière, né à Naples dans une famille de marins, un homme qui a choisi son épouse dans une autre famille de marins, mais ils ne le savaient pas.
Ils avaient pour le seconder dans sa tâche les meilleurs Officiers du monde, ceux qui naissent en Italie dans la péninsule sorrentine avec de l’eau salée dans les veines à la place de sang mais ils ne les voyaient pas.
Ils étaient encadrés, presque maternés par les membres d’un équipage formé après sélection dans les écoles de COSTA Croisière, et ils ne savaient pas que sur un bateau tout le personnel est marin d’abord, avant d’être serveur, musicien, hôtesse ou photographe.
Ils étaient à 13 mètres de la côte de l’ile du GIGLIO, à 300 mètres du port le plus proche. Le Commandant qui commande avait déjà appelé ils ne le savaient.
On ne le leur avait pas dit.
On n’avait plus rien pu leur dire depuis que le micro de la passerelle et les haut-parleurs qui auraient pu transmettre les paroles qu’ils avaient besoin d’entendre n’étaient plus alimentés en électricité. Les Officiers étaient trop peu nombreux pour pouvoir être partout à la fois. La peur jaillissait par endroits des corps frigorifiés, ils avaient attendu si longtemps ! dans le noir, sur un plancher mouvant qui était incliné, qui s’inclinait de plus en plus, par saccades.
Et toujours ce silence sur ce qui se passait. Alors, par endroits, pas partout, la panique les a par moments submergés avec son cortège de cris, d’actes irréfléchis, complètement irraisonnés, jusqu’à en être indéfendables. Chacun pensait qu’il allait mourir. Sur le mastodonte, là-haut, dans la passerelle, le Commandant qui commande avait demandé désespérément qu’on l’aide à sauver son bateau avec ses passagers, aussi proches dans son esprit que les familles qui savaient in-live qu’il y avait eu quelque chose de grave pouvaient l’être alors de ceux qui étaient à bord. Le remorqueur n’est pas venu.
Lorsque le bateau ne pouvait plus couler, il est, ils sont tous descendus se porter du côté le plus dangereux, la Concordia a continué à s’incliner, ils ont fini par ne plus pouvoir tenir, debout sur le bastingage. A quoi ça aurait servi d’ailleurs ? les derniers passagers, les derniers membres de l’équipage étaient à bord d’une chaloupe qui ne pouvait presque pas descendre, le système auquel elle était suspendue n’avait pas été prévu pour travailler dans ces conditions. Il a mis son poids dans la balance et ça a marché. Les autres sont tombés dans l’eau. Vous, vous ne le saviez pas.
Quand il a su qu’il y avait encore du monde en difficulté à bord, quand la Garde Côtière lui a fait savoir qu’ils étaient sur le côté qu’il ne pouvait pas voir avec les Officiers auxquels il avait confié l’évacuation à bâbord où les chaloupes ne pouvaient plus descendre non plus et qu’on devait faire passer les gens un par un sur des échelles de corde, il a demandé un hélicoptère pour aller les rejoindre. Mais l’hélicoptère n’est pas venu et vous, vous ne le savez pas.
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pour lutter contre la panique
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO, Journal de bord le 1 août 2012
une proposition (pas de Mézigue) :
faire confiance aux gens et les entourer de douceur féminine
et un extrait de ce qui s’est passé ce soir là
regardez la très courte vidéo jusqu’au bout pour avoir une idée de la situation
et de l’ambiance qui régnait ensuite aux points de rassemblement et d’embarquement
Les cartes sont fausses, le radar est bizarre
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO, Journal de bord le 1 août 2012
Et si ils n’étaient pas compatibles entre eux ?
J’explique :
On dit que la Terre est une sphère et elle est une sphère aplatie aux pôles, soit terre soit eau, bosselée par les montagnes et par les marées. Le papier bristol est plan et les écrans pseudo-plans.
Entre les deux, il y a plusieurs méthodes de projection, qui donnent chacune une approximation différente pour la représenter.
Si la carte nautique et l’écho-radar n’étaient pas compatibles ?
la carte nautique
“la projection de MERCANTOR, qui conserve les angles est adaptée à la navigation”
le radar est basé sur le GPS
“World Geodetic System (WGS84) : système mondial (pas de point fondamental), mis au point par le Département de la Défense des États-Unis et utilisé par le GPS, basé sur l’ellipsoïde WGS84. La projection courante est UTM.”
C’est peut-être pour cette raison que la Concordia est morte
par un beau soir de janvier,
pour avoir heurté de la poupe un rocher qui n’affleurait pas,
qui n’était pas signalé sur la carte
et que ses officiers ne pensaient pas qu’elle était là ou elle était.
essai de deux plug-ins d’insertion de carte, l’un par Google ÉCHEC et l’autre par Bing ÉCHEC
troisième essai par Writer d’origine OK
Réaction à une critique
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO, Journal de bord le 1 août 2012
faite par un formateur en sécurité moderne au sujet de l’écume
Ce sont deux objets que j’ai toujours vus chez mes parents.
Pour les jumelles, je sais que le grand père paternel, correspondant du journal l’Indépendant pour la tauromachie, s’en servait pour aller voir les corridas à Béziers avant d’en rédiger la critique.
Je ne sais rien de l’ancêtre Commandant qui a utilisé la longue-vue, sinon qu’il l’a ramenée à la maison à une époque où l’électronique n’existait pas.
Alors je me demande comment il a fait pour rentrer vivant s’il ne s’est pas fié à l’observation de la mer en général et en particulier à l’écume comme le suggère fortement un formateur en sécurité marine (de la Guardia Costiera).
(au fait, j’ai appris depuis le dernier billet où j’en ai parlé que l’écume se forme parce que le haut de la vague va plus vite que le bas et retombe dessus ; et c’est ce qui arrive au contact des écueils)

