Archives de 20 décembre 2014

Qui était la CONCORDIA ?

Un hôtel, une galerie marchande, un parc d’attraction diront les usagers terriens consuméristes. 

Toutes ces installations de plaisir ayant confusément un sol solide dessous. 

Alors non, elle n’était pas cela. 

La CONCORDIA était un bateau.
Cela comprend un bâti avec son armement et un équipage humain pour lui donner la vie.

Et son bâti n’est pas posé sur pilotis, il est directement sur l’eau, il flotte un peu dessus, un peu dedans. 

Ce qui implique qu’il y en a dessous. 

On ne sait pas combien vu depuis un pont ou la fenêtre d’une cabine, on ne voit que sa surface la plupart du temps.

Hé bien dessous, ça dépend. 

 Ça dépend d’où on est.

Là haut, sur la passerelle, un officier gagne son pain en surveillant la route sur une carte.



Compliquée, la carte nautique, parce que comme pour le Tour de France, elle indique le relief en même temps que le tracé. 

Chouette, en même temps, parce que le tracé, on peut se le construire à chaque fois, on n’est pas coincé sur un ruban de goudron. 

Ce n’est pas simple : un officier – pas le même, ça en fait deux – a gagné son pain en le construisant. 

Et il a rentré lui-même ce tracé qu’on appelle « la route » aussi dans les appareils de bord, pour que tout le monde puisse travailler dessus en même temps, mais pas tout de suite. 

Cet officier-là avait reçu des instructions du Commandant qui commande à bord – ça fait un troisième officier – qui, plus expérimenté, avait d’un seul coup d’œil sur la carte, évalué la situation et choisi les points principaux de la construction, les « waypoints », comme ils disent.

Et avant de l’entrer dans le réseau du bord, il la lui a faite vérifier.

Après quoi, ayant terminé son temps de travail – ils font quasiment les 3 * 8 à bord, mais ça se dit autrement : on prend des quarts de 6 heures – il est rentré dans sa cabine, serein et confiant.
Sur la passerelle, le « Troisième Officier » dont c’est la mission allait veiller à ce que la route soit suivie. 

Le Troisième Officier ? pas seulement. 

Le Commandant qui commande, réquisitionné par l’accueil des passagers montés à CIVITAVECCHIA, la dernière escale dont ils venaient juste de partir, et son rôle de représentant de la Compagnie à bord d’un paquebot de croisière avait quitté la passerelle après l’avoir confiée à un – oui, encore un, nous en sommes à 4 – officier. L’Officier de Quart. 

Et pendant qu’il mangeait dans un restaurant plein de passagers qui pourraient raconter plus tard qu’ils avaient mangé « avec le Commandant », pendant qu’il mangeait, dis-je, confiant lui aussi,

l’Officier de Quart allait gagner son pain en surveillant le tout et donner les ordres pour que ça se passe bien, et faire suivre la route à La CONCORDIA et tout son chargement humain.

 Je récapitule dans l’ordre chronologique :

1°/   le Commandant SCHETTINO donne les points principaux pour la trajectoire par leurs coordonnées en fonction des instructions qu’il reçoit de la Compagnie qui l’emploie et qu’il a l’honneur de représenter par sa personne à bord. 

2°/   l’officier CANESSA trace « la route », la courbe trajectoire continue complète.

3°/   le commandant SCHETTINO et l’officier cartographe vérifient la route.

4°/   l’officier cartographe la rentre dans l’ECDIS commun – que nous connaissons, nous pauvres béotiens, sous le nom de radar.

5°/   A partir de là, la route va être suivie par la CONCORDIA par l’intermédiaire du pilote automatique (tout équipement donc) et/ou du timonier (humain) sous couvert d’AMBROSIO

6°/   les deux humains et le bateau étant surveillés activement par CORONICA, en vertu du principe bien connu que quatre yeux valent mieux que deux pour surveiller

Sachant que ledit ECDIS a quatre ou cinq séries d’affichages de données numériques et autres en plus du radar, que les paillasses de la passerelle comprennent aussi boutons et cadrans jusqu’au plafond, tout le monde est bien occupé. 

Jacob RUSLI BIN est là aussi, il fait la vigie au centre, il n’ira qu’ensuite au timon, quand le Master sera présent.

Ce n’est pas la première fois qu’il travaille dans une passerelle, par contre c’est la première chez COSTA sur la CONCORDIA. 

A la veille du second procès pour la CONCORDIA, on ne sait toujours pas pourquoi ce bateau équipé correctement, aux petits soucis de maintenance près,  des derniers équipements modernes a fini par s’esquinter sur l’éperon rocheux du SCOLE après avoir raté de peu le choc de plein fouet avec la falaise de granite de la plage de CANNELLE.

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CONCORDIA, bilan de Noël 2014

Nous avions laissé la Cour de GROSSETO sur une interrogation : était-ce bien SCHETTINO ou pas, sur le pont 4 déjà immergé en poupe, avec d’autres officiers dont on devinait les silhouettes à ses côtés ?
On ne le saura pas, pas maintenant en tout cas.

Deux autres photos sont venues éclipser la question sous la plume des journalistes. Elles sont sous copyright.

Le souriceau a retrouvé l’une d’entre elles sur une vidéo publique :

Ces deux photos, sans les 5 jours d’explications que le Commandant SCHETTINO a données à la Cour, ne lui parlent pas.
Par contre, elles ont parlé grave à tous ceux qui ont entendu cet interrogatoire que la télé n’a pas cru bon de transmettre, en streaming pour la FRANCE de toute façon.
La sentence de ce procès fait à SCHETTINO tout seul est toujours pour l’année prochaine.
Entre temps il vient de s’ouvrir un second procès pour la CONCORDIA. 
A GROSSETO aussi et celui qui l’a ouvert est aussi Monsieur le Procureur en chef VERUSIO lui-même.
 
Le plaignant : le WWF dont nous connaissons tous le petit panda noir et blanc.
Le motif : atteinte à l’intégrité 
  • de l’écueil du SCOLE – ça ne s’invente pas
  • du fond de la mer – c’est vrai, l’entrepont C sert de poubelle flottante et tous les détritus de la croisière finissante le jonchent à présent
  • de la pureté chimique – une poche de fuel par terre, poche de détergents pour le ménage, réserve de nourriture pour les cuisines …
  • de la sérénité des poissons qui étaient dans le coin et je ne parle pas de la faune et la flore qui se sont retrouvés écrasés par le chavirement du paquebot

Les accusés au pluriel :

le commandant qui commande

mais aussi

l’officier de quart, Ciro AMBROSIO

le troisième officier Silvia CORONICA

le timonier Jacob RUSLI BIN

qui ont négocié leur peine pour le premier procès, ok,

mais dont ce même premier procès, au cours de son déroulement, a montré, je cite maître PEPE :

« si legge tra l’altro che Ambrosio non ha seguito la rotta tracciata da
Canessa, che Coronica non ha vigilato sull’operato del timoniere e che
lo stesso timoniere ha equivocato le manovre di emergenza ordinate da
Schettino, »

entre autres,

  • qu’AMBROSIO n’a pas suivi la route tracée par le cartographe CANESSA,
  • que CORONICA n’a pas surveillé le travail du timonier
  • que ce même timonier a mal compris la manœuvre d’urgence ordonnée par SCHETTINO.

En conséquence et pour épargner tout le monde, la défense a décidé de ne présenter que 4 témoins sur les dizaines dont elle disposait :

“… Ad essere ascoltati il 12 gennaio saranno Leopoldo Manna, comandante
della capitaneria di porto… Agnello Fiorentino, comandante del traghetto
Aegilium, Christopher Denis Vaity, capo della security di bordo … e
Katia Kevanian, capo receptionist …”

seront entendus le 12 janvier 2015 :

  • Leopoldo MANNA, Commandant de la Capitainerie de Port à ROME
  • Agnello FIORENTINO, Commandant du bateau AEGILIUM du GIGLIO
  • Christopher Denis VAITY, chef de la sécurité à bord de la CONCORDIA
  • Katia KEVANIAN, chef des hôtesses de la CONCORDIA

Pour nous résumer, toute l’ITALIE sait à présent officiellement que le Commandant SCHETTINO n’est pas le seul coupable de l’accident survenu au paquebot COSTA CONCORDIA le 13 janvier 2012 lors d’un passage rapproché fait pour rendre hommage à la beauté de la petite ile toscane du GIGLIO, au maître respecté PALOMBO et à la famille de l’ami maître serveur Antonino.

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