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COSTA CONCORDIA : sa dernière ligne droite
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO le 4 août 2015
La CONCORDIA comme tout véhicule informatisé, a fait ce que des humains, directement ou par informatique interposée, lui ont dit de faire.
Reprenons la vidéo de l’ECDIS, celle que les journaux ont appelé « le radar » de la CONCORDIA, et qui montre bien plus que le radar.
Elle est toujours visible là, « son et images » disent-ils, en fait elle est muette, http://www.corriere.it/cronache/12_luglio_11/schettino-tracciato-radar-scatola-nera-dellacasa_58a8c4c8-cb18-11e1-8cce-dd4226d6abe6.shtml
Ils permettent de la partager, (Embed) et la voici :
Costa Concordia, la rotta e il guasto alla scatola nera
Ce qu’on lui a dit de faire, à la CONCORDIA, est inscrit après TRACKPILOT 1, troisième ligne en partant du haut dans la colonne de gauche.
1° / TRACK, on est sous pilote automatique, la CONCORDIA suit automatiquement la route que l’officier cartographe Simone CANESSA lui a entrée dans le système informatique.Après le tournant pour aller saluer l’ile et jusqu’à 21:25:53
En passerelle il y avait :
Manrico GIAMPEDRONI, directeur de l’Hôtellerie
Ciro ONORATO, directeur des Restaurants et accessoirement frère de Gianni ONORATO, cadre supérieur chez COSTA.
Tout allait bien, la CONCORDIA suivait automatiquement la route prévue par le Commandant SCHETTINO, cap à 278,1° d’angle par rapport à la direction du nord.
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TRACK |
2°/ HEADING : suis ce cap, tu n’as en tête que ce cap qu’on te dit de suivre.À partir de 21:25:53 HEADING s’est inscrit sur l’écran de contrôle.
C’était avant que AMBROSIO n’appelle Francesco SCHETTINO au restaurant MILANO pour lui dire que c’était le moment de monter en passerelle, il y est entré à 21:34 et quelques secondes.
Pendant la période où HEADING est resté affiché, la CONCORDIA a continué tout droit sur sa lancée, aux incertitudes de vent, de courants de surface et de courbure de la terre près (pour simplifier).
Ciro AMBROSIO, officier, responsable du quart
Roberto BOSIO, officier
Silvia CORONIKA, officier, en surveillante de passerelle, vérifiant que la CONCORDIA suivait bien la route prévue,
Manrico GIAMPEDRONI, officier
Stefano IANNELLI, officier
Salvatore URSINO, officier
Jacob RUSLI-BIN, matelot de vigie, surveillant des amers au dehors, à cette heure-là des ombres de promontoires sur la côte et surtout les feux, en particulier à cet endroit-là le phare du CAPEL ROSSO, celui qui est le plus au sud de l’ile du GIGLIO
Tout en haut de la troisième colonne, nous avons pu voir le cap constant à 278° aux incertitudes de mesure près (du moins en physique).
Pendant ce temps la CONCORDIA ne suivant plus la route enregistrée s’en est éloignée inexorablement de plusieurs centaines de mètres, surveillez XTD L tout à droite, presque en bas de la troisième colonne.
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premier HEADING |
XTD L indique 3 m, la CONCORDIA a dérivé de 3 m par rapport à la route prévue
Francesco SCHETTINO était en passerelle depuis 21:34, occupé au téléphone à assurer le côté mondain de l’inchino envers le Commandant fondateur de l’inchino en ce lieu, le Commandant PALOMBO.
Madame CEMORTAN, qui était montée inopinément à bord et à laquelle il n’avait pas encore été attribué de cabine, était arrivée jusqu’à l’aquarium insonorisé des passagers avec le Commandant SCHETTINO, à priori, elle y était restée dedans.
Le Commandant avait demandé qu’on avertisse le maître-serveur Antonnello TIEVOLI qui avait prévenu sa famille sur l’ile de son passage et il était arrivé puisque c’est lui qui a composé le numéro de téléphone du Commandant PALOMBO, natif du GIGLIO comme lui.
3°/ OFF, tout automatisme est coupé, on va piloter à la main. Les waypoints ne sont plus accessibles au système. Il ne peut plus comparer avec la route correcte.
SCHETTINO a rappelé à AMBROSIO qu’il aurait du donner cet ordre : « Timone a mano ».
Et AMBROSIO s’est exécuté à 21:35:23. RUSLI BIN a changé de place.
HEADING est resté affiché pratiquement 10 minutes avant que OFF ne le remplace.
La CONCORDIA avance encore, dérive encore.
Le Commandant a vu l’écume sur l’eau, il prononce : « I take the CONN » ; AMBROSIO : « Master takes the CONN ! » à 21:39:17,
A partir de là, c’est SCHETTINO qui donne les ordres au timonier.
A 21h39:17, l’écart par rapport à la route est de 23 m, le navire a dépassé le waypoint, le cap est à 289.6° alors qu’il devrait être à 333,6°.
La route tracée par CANESSA et approuvée par Francesco SCHETTINO était à 333,6° … à 23 m de là.
23 m, ce n’était rien au départ, mais à cause du cap, l’écart va grandir démesurément.
Au moment où il a touché le Scole, le navire était à 733 m de sa route.
AMBROSIO avait-il préparé courtoisement l’arrivée du Commandant ? si c’était l’habitude de couper le pilote automatique avant que celui-ci n’entre en passerelle, c’était pour passer en mode manuel, pas semi-automatique.
Ce n’était pas pour continuer à avancer strictement tout droit sans savoir avec précision la durée de cette avance en pleine nuit sans lune, en navigation côtière dans les calanques ! c’est énorme, irréaliste, pas envisageable une seconde ! c’était une chance sur deux de s’échouer sur une plage ou de s’écraser sur une falaise rocheuse puisque les alarmes, mises en OFF, elles, ne préviendraient pas. Pratiquement aucune par contre d’arriver devant PORTO-GIGLIO pour le saluer, ce qui était le but recherché.
Il n’a rien dit de l’état de l’approche.
De retour à sa paillasse de timonnier, il n’avait pas d’écran personnellement. Il n’a pu se rendre compte de rien d’informatique.Par contre, plus surveillé que lui, tu meurs.
URSINO à sa gauche sur le radar secondaire, AMBROSIO au centre sur le radar principal, CORONICA qui a abandonné l’écran de la carte électronique et la table traçante de la carte papier pour venir auprès de lui le surveiller tout particulièrement selon les consignes de la Compagnie.A partir de là, elle n’a plus su où la CONCORDIA était – dit-elle – évidemment.
Le souci, c’est que une fois là, quand le timonier s’est trompé, que ce soit par la voix ou par le geste, elle n’a rien dit non plus. Ni au Commandant, ni au timonier.
J’ai vu les réactions de familles des victimes, tant françaises qu’italiennes à la sortie du livre de Mémoire : ils sont bloqués par leur chagrin dans le désir d’une vengeance à tout prix. Devant leur colère impuissante, la seule réponse raisonnable est le silence et il y a bien longtemps que le souriceau n’écrit plus en espérant qu’ils le liront.
Les journaux sympa, navrés, transmettent en France et en Italie pour les uns.
Vittoriana ABATE essaie « Il en a quand même sauvé plus de 4000 autres », et devant la réaction négative obstinée, se tait, navrée elle aussi, devant les caméras de la RAI, et c’est la fin de l’émission pour l’autre.
Le souriceau espère sincèrement que l’équipe de quart qui a vu en silence la CONCORDIA s’engager irrémédiablement dans sa derniére ligne droite n’y est pour rien. Ces pauvres gens en deviendraient fous.
Il est pourtant difficile de croireà une erreur aussi lourde de conséquences à plusieurs.
Pour chacun, à son poste, surveillance et vigilance étaient des maîtres mots de leur mission.
Serait-il possible qu’ils n’aient rien dit parce qu’aucun d’entre eux n’avait remarqué quoi que ce soit ? cette dernière ligne droite perpendiculaire à la côte de la CONCORDIA, c’est le cerveau qui a fait que HEADING a remplacé TRACK sur l’écran au cours de l’inchino au GIGLIO et ne s’en est plus préoccupé qui en est responsable.
Le souci, c’est que nous ne sommes plus en train d’essayer de rentrer dans le chenal du port de BOSTON avec des aides à la navigation débutants.
Ce HEADING se voyait sur les écrans grands comme ceux des ordis de bureau qu’ils sont.
Il est resté affiché pendant une dizaine de minutes.
Les trois officiers qui étaient de par leur service devant les cadrans n’ont pas pu ne pas le voir.
Le souci, c’est que ce HEADING, c’est ce que programment les passeurs quand ils envoient les bateaux chargés de migrants se fracasser sur la première côte italienne en vue.
Les officiers n’ont pas pu le voir apparaître tout seul sans aucune réaction vocale sur le moment et sans un appel au secours à leur Commandant plus expérimenté.
Le souci, c’est que ce n’est pas possible.
Le souriceau tourne en rond là-dessus : ce n’est pas humainement possible, tout ce qui ne s’est pas passè sur cette passerelle ce soir-là.
Cet inchino là, ce passage délicat en mode zombie général, c’était quoi ? une élucubration de quelqu’un ? une expérience grandeur nature ? un test en situation ?
Le gars du HEADING avait en même temps coupé les alarmes sonores.
Ce billet a pu être conçu grâce à la lecture de celui-ci : ECDIS quelques éléments pour comprendre, sur le blog ami Pas Chiche.
COSTA CONCORDIA : communication officielle des motivations de la sentence
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO le 26 juillet 2015
COSTA CONCORDIA : les motivations de la sentence de première instance ont été déposées là : http://www.giurisprudenzapenale.com/2015/07/14/naufragio-concordia-depositate-le-motivazioni-della-sentenza-di-primo-grado/ avec un lien pour télécharger le document lui-même, le texte en est, bien sûr, rédigé selon les canons du droit et en italien
Tribunal de GROSSETO, 10 juillet 2015 (audience du 11 février 2015)
President : Monsieur le Juge PULIATTI, Juges : Messieurs les Juges MEZZALUNA et COMPAGNUCCI
Nous publions, en raison de l’intérêt médiatique évident pour cette affaire, les 553 pages de motivations de la sentence rendue par le Tribunal de GROSSETO qui a condamné le 11 février 2015 l’ex-commandant de la CONCORDIA, Francesco SCHETTINO, à 16 années de prison pour le naufrage dans lequel 32 personnes ont perdu la vie.
« Au moment où l’accusé a définitivement quitté la CONCORDIA », la situation était telle qu’elle « rendait impossible, ou du moins difficile » que les passagers qui étaient encore à bord « puissent être sauvés ». SCEHTTINO (sic) – peut-on lire dans la sentence – a quitté le navire sans rien savoir « du sort des autres 2000 personnes » à bord du paquebot de croisière.
« Le choix criminel, si nous pouvons nous exprimer ainsi, a été le choix initial d’amener un navire, qui avait de telles caractéristiques (dimensions et poids) et à une telle vitesse, aussi près de l’ile », les juges écrivent dans la sentence, en parlant de l’inchino : » SCHETTINO n’a pas programmé correctement la manoeuvre, mais a improvisé, naviguant pratiquement à vue. La situation dangereuse a, de fait, été créée par l’accusé ». D’après les magistrats, le Commandant « était tout à fait au courant de la présence menaçante des rochers » mais était « certain de pouvoir mener à bien la manoeuvre audacieuse », en surestimant « ses compétences de marin ».
Télécharger la sentence (en italien)
- « 2000 personnes », ils y sont allés fort, le souriceau en estime l’équivalent de deux classes normalement chargées dans nos collèges et lycées, soit une grosse cinquantaine sur la vidéo en infra-rouge :
voyez sur cette saisie d’écran, ils sont tous vers la poupe
sur celle-ci on peut compter ceux qui sont en train de descendre, une vingtaine
et constater qu’il n’y a pas 2000 personnes en tout sur le côté babord du navire, il n’y en a même pas une centaine
- Tout de même, à la lecture, le souriceau a un frisson dans le dos : les cinquante et quelque personnes encore à bord quand le navire a chaviré qui sont restées sur ce pont et ont été ramenées à terre semblent bien être des miraculées : si le navire avait glissé encore plus bas en se reposant sur le fond en pente après avoir flotté un instant à l’horizontale !!!
Une pensée pour ceux qui étaient en train de traverser laborieusement le navire pour aller embarquer sur l’une des chaloupes qui faisait la navette entre le bord et la terre à tribord, la CONCORDIA les a piégés et noyés en chavirant.
- « aussi près de l’ile », faux problème la distance à l’ile du point de vue de l’accident, c’est le fond sous le bateau qui compte.
C’est l’équivalent en profondeur du panneau du Code de la Route pour les poids lourds
avec les impressions du chauffeur accidenté
Par contre, c’est vrai qu’il peut peut-être y avoir des pêcheurs au lamparo de nuit, mais eux, contrairement à cette côte non signalée, on les aurait vus dans le noir.
- « amener le navire », qu’ils disent
C’est la question de « la route ».
Tant que la CONCORDIA a été sous pilote automatique, elle l’a suivie.
C’est à partir du moment où le matelot RUSLI BIN a manoeuvré le joystick du timon, sous le commandement de l’alors premier officier AMBROSIO, les deux étant sous la surveillance du troisième officier CORONIKA que la CONCORDIA a quitté cette route.
C’est cela qui est nommément reproché à Francesco SCHETTINO comme étant « criminel ». Qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans, si tant est que crime il y ait eu ?
- L’inchino ! je crois que nous ne saurons jamais nous, français de la terre, en quoi du point de vue trajectoire, consiste le salut à la terre justement.
- Après il a « improvisé ». Et comment ! ce qui n’était pas programmé, justement, c’était de s’apercevoir brusquement que le navire se trouvait en face de tout proches écueils rocheux.
« Billet général pour l’au-delà ! » » Mamma mia ! » » Madonna ! » » Cristo ! » comme a dit DE FALCO, » Cazzo ! » comme a dit le même DE FALCO en une autre occasion. On aurait du apprendre la totalité des gros mots italiens, napolitains et peut-être même philippins par la boite noire à ce moment-là, prononcés aussi par la douce (pure supposition de ma part) voix féminine de la passerelle. Et là non, pas un son.
- « La situation dangereuse a, de fait, été créée par l’accusé. »
Ils n’ont pas tenu compte de tout ce qu’ils ont permis qui soit diffusé ! Ils avaient 500 000 pages à lire, digérer, prendre un nécessaire recul pour trancher, répondre oui ou non aux réquisitions des Procureurs. Sous les pressions conjuguées des parties civiles, des propriétaires de la CONCORDIA et des médias, dans le contexte de la crise économique qui nous touche tous, ont-ils bénéficié de suffisamment de calme intérieur pour pouvoir le faire ?
- Ou si nous étions en train d’assister à une erreur judiciaire ?
« La justice doit être aveugle mais pas sourde :
parties (innocence, culpabilité) doivent être entendues de la même
manière.
Cependant, la justice n’est pas sourde et accepte la recherche
de nouvelles investigations (ex: affaire Patrick Dils).
L’avenir le dira.
COSTA CONCORDIA : à la Maison des Commandants à META
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO le 30 juin 2015
http://www.concordiaveritas.org/le-verita-sommerse-lanteprima-del-libro-a-meta/
Les membres de CONCORDIA VERITAS ont eu l’honneur de pouvoir assister à la présentation en avant-première du livre Le verità sommerse di Vittoriana Abate (editore Graus) qui a eu lieu à la Maison des Commandants – Casina dei Capitani di Meta di Sorrento le 24 juin passé qui était organisée exclusivement à l’intention du personnel naviguant.
Nous nous sommes posés la question de savoir si nous avions le droit de divulguer le contenu de cette rencontre à l’intérieur de la Casina dei Capitani, mais nous nous sommes dits que l’invitation que nous avions reçue était synonyme d’approbation de notre façon de trouver de la documentation sur le cas de la COSTA CONCORDIA quoique de façon intermitente, en mettant en évidence les points que les médias grand public eux-mêmes ont minimisé ou carrément tus, mais qui ont beaucoup intéressé ceux qui suivent l’affaire.
Nous espérons avoir bien interprété le signe et, comme par le passé, nous allons exposer, en mode le plus neutre possible, ce que nous avons noté dur l’évènement, en rappelant à nos lecteurs qu’il est toujours nécessaire de faire preuve d’esprit critique lorsqu’on lit quelque chose, notre site y compris.
Le centre historique de l’association d’aide mutuelle entre capitaines a accueilli dans sa belle salle nombre de ses membres et quelques invités, en tout près d’une centaine de personnes.
L’évènement, organisé d’après le principe d’une table ronde, a été coordonné par l’écrivain et journaliste Alessandro IOVINO et a vu les interventions du professeur de Droit de l’Information Maître CALABRETTA, de l’expert norvégien de l’ISM et ingénieur Arne SAGEN auteur de l’article “Concordia, shame on you Italy!” écrit en réaction à la sentence de première instance qui venait de condamner le commandant de la CONCORDIA, de l’amiral Vito MINAUDO, ainsi que la co-autrice Vittoriana ABATE.
Ainsi donc, nous allions savoir la vérité submergée de l’accident en mer advenu à la CONCORDIA ?
Et l’ingénieur SAGEN, qui se trouvait devant un auditoire où dominaient l’expérience et la culture nautique, a traité point par point les différents problèmes de sécurité qui se sont posées dans l’accident de la CONCORDIA, avec une grande richesse de détails et en abordant les aspects techniques, ces problèmes étant également ceux de l’industrie de la croisière tout entière.
La réflexion a porté sur le fait que ces problèmes sont exacerbés dans le cas des navires dits géants :
- depuis les doutes sur la stabilité réelle de ces méga-navires,
- jusqu’au grand nombre de passagers peu habitués aux dangers de la mer qu’il faudra sauver en cas d’accident,
- en passant par la préparation et la formation du personnel des navires de croisière numériquement prédominant dans les services d’hôtellerie plutôt que dans la conduite de la navigation
- et le bon fonctionnement des systèmes vitaux,
- l’efficacité et la réponse rapide du système d’organisation au sol en cas d’urgence,
nombreux sont les problèmes que l’accident de la CONCORDIA a posés à ceux dont la charge est de fixer des normes et d’assurer la sécurité en mer, et certains de ces problèmes ont été traités en pratique depuis les faits.
Pour d’autres, par contre, il existe une opposition trop forte de la part des lobbies* des compagnies, qui trouvent sur ce point des alliés en la personne des chantiers navals qui construisent les navires qu’elles leurs commandent.
Se référant au procès, SAGEN a rappelé l’exemple d’une affaire jugée en ANGLETERRE qui a vu une issue complètement différente parce que l’enquête a davantage tenu compte de ce qui, dans le domaine de l’organisation, avait été de nature à favoriser l’apparition de la situation d’urgence.
Ensuite, on est passé à la fameuse erreur du timonier qui a été l’objet de l’étude de consultants techniques près de la Cour.
L’amiral MINAUDO qualifie de parfaite la manœuvre d’évitement d’urgence menée par le commandant de la CONCORDIA dans le but d’éviter l’obstacle, et révèle que l’expertise technique qui conclut que l’erreur du timonier n’a eu aucune conséquence a été faite sur un navire d’un autre type que la CONCORDIA, complètement différent, avec des paramètres géométriques, cinématiques et dynamiques qui ne sont pas comparables. (il n’était pas bâti pareil, il ne réagissait pas pareil, une expertise pour rien)
Pour terminer, c’est l’auteur Vittoriana ABATE, journaliste de pointe de l’émission télévisée PORTA A PORTA, qui a une grande expérience des faits de cronique, qui a expliqué la structure de l’ouvrage, construit à partir de 3 sources de données : les données de la boite noire, les actes du procès et les témoignages.
En collationnant patiemment ces informations, en prenant en compte les lacunes et en éclaircissant doutes et ombres grâce aux renseignements que le commandant lui communiquait, la journaliste a reconstruit le nuit de la CONCORDIA, nous permettant une lecture d’une facture différente de celle qui a été diffusée dès la première heure par les médias, et démesurément amplifiée sur les réseaux sociaux ainsi que l’avait rappelé Maître CALABRETTA lors de son intervention initiale.
Les membres de l’auditoire ont manifesté un immense intérêt pour les sujets abordés, et certains aurait aimé pouvoir poser des questions, mais en raison de contraintes de temps, cela n’a pas été possible. En fait, les intervenants étaient attendus en début de soirée au Lido MARINELLA pour la pré-présentation du livre ouverte au public et à la presse.
Vittoriana ABATE fut cependant sollicitée par des collègues journalistes en quittant la Maison des Commandants :
nous venons d’entendre les analyses de grands experts du secteur maritime, maintenant, si les profanes de tout poil continuaient à soutenir des opinions contraires aux leurs, ce serait grave.
Lors de la soirée au Lido qui a été suivie par un large public, d’autres éminents conférenciers ont aussi pris ensuite la parole comme l’ingénieur AMBROSIO qui est l’un des conseillers du commandant et le docteur PROTO d’une importante société norvégienne spécialisée dans le conseil naval, qui ont repris ce qu avait été dit par SAGEN et MINAUDO dans un langage plus compréhensible par un public moins familiarisé avec les explications techniques.
Posons sur la table on va trier
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO le 11 juin 2015
La sortie de la longue interview du Commandant SCHETTINO à Vittoriana ABATE est annoncée pour le 24 juin 2015 dans toutes les bonnes librairie d’ITALIE.
En voici la couverture entière :
la Méditerranée imperturbable joue avec les grains de sable multicolores de la plage de META, comme elle l’a toujours fait. Pendant ce temps-là, la moulinette médiatique continue de tourner, mauvaise, aveugle, sans pitié, elle essaie encore de broyer.
Le paparazzo n’en a cure.
Il a fallu travailler beaucoup d’heures avec Madame ABATE l’un racontant, l’autre notant, pour remplir 600 pages.
Il a fallu les relectures, les explications, les précisions pour que l’écrit de l’une qui n’y connaissait rien auparavant colle à la pensée de l’autre pour lequel tout semble naturel.
Il avait fallu beaucoup d’entretiens et cela avait fait jaser jusqu’en FRANCE, plus facilement accessible au grand public que les considérations techniques.
La moitié de l’article colporte encore une fois ces ragots et rappelle les autres inventions « populaires » pour faire bon poids. C’est comme cela que l’on avait fabrique un monstre.
Le vocabulaire utilisé par le paparazzo dans la partie relative au livre est sinistre. L’histoire du Commandant SCHETTINO n’est pas une histoire spécialement gaie, la prose que je lis en fait carrément pour lui une invitation au suicide !
On parle beaucoup de ce genre de procédés aux actualités télévisées en ce moment, car nombre de nos adolescents harcelés par leurs « camarades » craquent et passent à l’acte, c’est ce qui est arrivé à Marion. Les familles en deuil, surprises par ce que leurs enfants ont du supporter de la part d’autres enfants sans rien en avoir su, sans rien avoir vu venir, témoignent sur les ondes. Que peuvent-elles faire de plus ? la loi interdit déjà le harcèlement. Dommage, quand le mal est fait il est définitif et la loi entre trop tard en scène.
Ça n’arrive pas qu’aux autres, et à laisser faire, on vit dangereusement.
Pourquoi faut-il que de nos jours encore de tels agissements soient ils seulement possibles ?
Pourquoi faut-il qu’un accident en mer soit traité en affaire criminelle ?
Pourquoi suffit-il d’un seul bouc expiatoire là où un ensemble de personnes ont participé ?
Pourquoi existe-il toujours une presse vautour qui se repaît du malheur des êtres humains, qu’il soit réel ou inventé par elle-même ? il y a la demande ? ça se vend bien ?
Ouais … la nature humaine …
Et pendant ce temps-là , la MÉDITERRANÉE …
* Du cirque médiatico-judiciaire et des moyens d’en sortir aux éditions SEUIL
http://www.amazon.fr/cirque-m%C3%A9diatico-judiciaire-moyens-den-sortir/dp/2020214822
ou
http://www.seuil.com/livre-9782020214827.htm
Le passage des consignes
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO le 27 mai 2015
Le livre – en italien pour le moment – d’Angela CIPRIANO et Guido FIORINI
les protagonistes confient leur douleur, racontent leurs souvenirs, mettent des mots sur leur ressenti, dans une commune recherche de vérité
est arrivé dans ma boite aux lettres, j’avais pu le commander en passant par amazon.it
Naturellement, je lis le récit de l’accident en premier et une chose me frappe : la façon dont le commandement a été pris et a été abandonné peu avant le choc.
Rappelez-vous, AMBROSIO était aux commandes et dirigeait la CONCORDIA droit sur l’ile du GIGLIO sous l’aile bienveillante de l’officier CORONICA et via les mains du timonier Jacob RUSLI BIN en venant de l' »autoroute maritime » qui longe le promontoire de l’ARGENTARIO et que les médias ont fait exprès de confondre avec « la route normale qu’aurait du suivre la CONCORDIA » quand la moulinette médiatique avait commencé à tourner. Les grands patrons, depuis la terre, avaient voulu un inchino au GIGLIO, on allait faire l’inchino, ce n’était pas la première fois, c’était normal, presque la routine.
Pour prendre le commandement, SCHETTINO, dans ce cas de figure, devait prononcer texto la phrase : « Master take the conn ». C’est une phrase quasi-sacrée. On ne la change pas. C’est quasi-militaire. Ça doit déclencher un réflexe conditionné chez l’autre. Pour vous donner une idée, c’est comme « bonjour » quand on entre, « au revoir » quand on s’en va, « merci » quand vous recevez un cadeau. Là c’est « Master takes the conn ». En anglais. Point-barre. Il n’y a pas à comprendre, il n’y a qu’à apprendre. L’autre, AMBROSIO donc, tant que la phrase magique n’a pas été prononcée est le chef de la passerelle. Une chose qui n’est pas négociable non plus. Il continue à donner les ordres et ne se déconcentre pas. Il a plus de 4000 âmes sur les épaules, y compris la sienne.
Or qu’est-ce que je lis ensuite ? comment AMBROSIO a-t-il vécu le dernier passage des consignes à bord de la CONCORDIA ? D’abors il s’est estimé relevé de son boulot et probablement de ses responsabilités avec parce que le Commandant le plus ancien dans le grade le plus élevé qui était là, au téléphone, lui a fait signe de la main, la paume ouverte vers lui, c’est « stop ». Comme nous à la maison aux enfants qui parlent plus fort que le téléphone « deux minutes », comme mon patron prévenait ses secrétaires sans un mot de ne-pas-le-déranger-et-de-repartir-de-son-bureau-en-silence-en-refermant-la-porte-derrière-soi. Une convention de fonctionnement qui s’était tacitement mise en place, nous étions toutes adultes.
A partir de là, le jour où il a témoigné à GROSSETO, AMBROSIO cafouille. La phrase magique n’a toujours pas été prononcée par le seul qui avait le droit de la prononcer, le Master lui-même.
Et pour se justifier il utilise, pour énoncer des mesures, un vocabulaire qui n’a rien de mathématique : « J’ai eu le sentiment que le navire allait trop vite, mais je n’ai rien dit » c’est le plus clair de l’histoire.
Quel sentiment ? dans sa position, il avait la valeur exacte de la vitesse à chaque instant !
Je parle de sa position devant les plans de travail. Il est de quart, responsable en chef, c’est-à dire placé sur la passerelle à un endroit où il a la vue sur tous les cadrans qui lui sont nécessaires pour avoir les données de vitesse et position, à portée de la main et de l’oreille le téléphone vers la salle des machines. Et Monsieur ne dit rien !
A haute et intelligible voix, devant tout le monde, il a commencé à donner des ordres, répétés par les deux autres de quart, pour prendre un tournant qu’il n’a finalement pas encore pris. Et Monsieur ne dit rien !
La CONCORDIA n’est pas là où elle devrait être, elle va plus vite que prévu, dit-il à la Cour, donc elle est plus proche de la falaise que ce que le Commandant SCHETTINO ne le croit. Et là, en passerelle, au moment de la quitter pour regagner sa cabine, tranquillou Monsieur ne dit toujours rien !
Monsieur suppose peut-être que le Commandant SCHETTINO a une boule de cristal intégrée dans le cerveau ?
« Je ne voulais pas m’opposer à lui à ce moment-là », dira-t-il aussi. « Je ne voulais pas me mutiner« .
C’est la plus belle : AMBROSIO passe à son chef en pleine nuit noire un bateau dont il sait qu’il va vite – pour un mastodonte qui a encore un virage dans l’eau à faire*, ce que lui sait aussi, pas SCHETTINO – droit vers une falaise de roches sans lui dire où ils sont, sans lui dire qu’ils n’ont pas tourné et tout ça pour éviter je ne sais quelle distraction probablement aux passagers invités et parce qu’il ne veut pas faire, discrètement mais fermement, son boulot. A part ça, il ne s’est pas mutiné, non, il l’a envoyé s’écraser sur un mur !
Et comment le Commandant qui commandait la CONCORDIA a-t-il vévu ce dernier passage de … aucun renseignement crucial … à bord de son navire ?
Le moment où, concrètement, les choses ne se sont plus passées normalement est page 22 et 23.
Chronologiquement :
- AMBROSIO faisant fonction de patron passe à SCHETTINO des informations d’une vacuité coupable, vu la suite des évènements
- la phrase magique est prononcée « Master takes the conn » SCHETTINO fait fonction de patron, il croit être sur la route qu’il demandée, à l’endroit où il a prévu jouer son propre rôle pour les invités non payants
- il navigue à vue, à la distance de la côte du GIGLIO où il se croit, 1/2 mille marin, c’est déjà plus sûr que les radars que d’ailleurs il a un « team d’officiers » pour surveiller pour lui – en principe
- il ne prend pas lui-même le timon en main, du poste de vigie où il se trouve tout contre les vitres, dans le passage devant la rangée de plans de travail – et que AMBROSIO avait laissé vacant en demandant à RUSLI BIN de le quitter pour passer au timon juste avant de couper ou lui faire couper le pilotage automatique – SCHETTINO se trouve à environ 1 m dudit timon, comme nous l’avons tous vu sur la vidéo dans l’éclairage sombre et rouge de la passerelle post-accident au SCOLE
6 minutes plus tard seulement, c’est le choc, à 30 km/h du paquebot géant sur l’écueil affleurant du SCOLE (non signalé sur la carte – où il aurait occupé 1 pixel).
Bref pas un des trois dont c’était le boulot de le savoir et de le lui dire ne lui a fait savoir qu’il y avait un os quelque part, une panne, un changement, un écueil affleurant tout près, trop près, une source d’emmerdements s’il n’en tenait pas compte.
Heureusement, il est de la vieille école, il réalise, il prend les mesures qui auraient évité le choc.
Mais la manoeuvre d’évitement est bâclée par le timonnier qui confond sa droite et sa gauche, AMBROSIO qui ne l’aide pas beaucoup à comprendre ce qu’il doit faire en n’arrêtant pas de contredire celui qui donne à présent les ordres et leur ange gardien muette qui n’aide pas du tout. Il ne restait que 6 minutes pour éviter une catastrophe, pour cette bande d’ahuris c’était insuffisant.
Au procès-spectacle, Angela CIPRIANO prenait des notes que Guido FIORINI, rédacteur en chef à l’agence du journal Il MATTINO de la même ville, l’aiderait ultérieurement à mettre en forme pour en faire ce livre.
Elle entendait l’avocat de CODACONS, maître LEUZZI, scié, demander carrément à ce même AMBROSIO s’ils avaient mijoté un suicide collectif ou quoi, lui et les deux arlésiennes du procès, tandis que le procureur LEOPIZZI le faisait vite taire.
Feuilleton ! délire ! pourquoi pas ? mais alors, qu’est – ce qui pouvait bien avoir poussé ces trois personnes si différentes à vouloir mourir ensemble en Méditerranée le soir du 13 janvier 2012 en entrainant avec eux plus de 4000 personnes qui ne leur avaient rien fait à part être leur gagne-pain ? Tiens, ça rappelle un récent accident d’avion regrettablement médiatisé lui aussi !
Rappel et résumé du souriceau : « J’y crois pas moi-même ! Ils ne m’ont rien dit ! Ça fait trois ans que je le répète ! » – presque – a dit le Commandant SCHETTINO à la barre.
Note Du Souriceau : ceci est une réaction à la lecture, pas une traduction. Les auteurs sont en train de chercher à faire traduire les quelque 250 pages en français en Italie.
* ce qui est normal d’ailleurs. Pour que les passagers soient moins secoués lors du virage d’une cinquantaine de degrés, il faut aller assez vite. Paradoxal ? ça se passe dans l’eau, pas sur route, la Mécanique en est toute changée.