Ils ont eu tellement peur, les passagers du La Bourgogne, qu’ils en sont arrivés à sortir les couteaux, et s’ils n’en avaient pas, à mordre de leurs dents !
Ce furent les passagers contre les officiers d’abord,
- puis les hommes, TOUS les hommes contre les femmes et les enfants,
- ils ont jeté à l’eau les enfants qui étaient dans les canots de sauvetage pour prendre leur place
- ils se sont entretués et les femmes se sont éloignées du lieu de bagarre – et des canots,
- ils ont coupé les câbles qui tenaient aux canots les survivants tombés à l’eau,
- enfin ils ont tapé, tapé avec leurs rames sur ceux qui nageaient ou flottaient à côté d’eux
- et ont maintenus toujours au moyen des rames femmes, enfants et hommes la tête sous l’eau jusqu’à ce qu’ils ne bougent plus.
Ils ont tué pour ne pas mourir,
puis ils ont tué pour ne pas être tués.
En deux mots, le La Bourgogne était un paquebot qu’un navire Anglais a éperonné dans le brouillard pendant la nuit du 3 au 4 juillet 1898.
Un paquebot magnifique, super du côté de la sécurité et dont le Commandant avait fait plusieurs guerres en tant que Commandant avant de se reconvertir dans la Marine Marchande une fois la paix venue, un homme solide donc.
Il avait des canots de sauvetage, même si l’accident lui en avait écrasé la moitié.
Il avait le bateau qui l’avait blessé pas trop loin et en pas trop mauvais état, masqué il est vrai par le brouillard épais.
Il avait 220 marins de métier à son bord, pour encadrer ses 832 passagers ainsi que les marins du Cromartyshire voisin pour les récupérer.
Alors quoi ? Oui, il avait un trou dans la coque et oui, il avait pris de la gite. Il allait même en prendre tellement qu’il a sombré trop tôt, en 45 minutes, en pleine mer.
Côté passagers, ce fut sur le pont d’embarquement dans les canots : « un flot humain, pleurant, sanglotant, tumultueux » qui commit des « atrocités », des actes de sauvagerie, des crimes monstrueux, contre-nature.
Côté marins du bateau en face, ce fut une solidarité sélective, macho : les hommes furent sauvés en priorité, la seule femme récupérée le fut avec son mari à ses côtés, omerta complète sur les enfant – que sont devenus les deux bébés que leurs parents avaient emmenés ?
Un seul marin du La Bourgogne survécut, Pierre GOAZEMPIS, serveur, membre de l’équipage : il a témoigné de ce qu’il a vécu, probablement mis des mots sur l’horreur pour pouvoir y survivre, dans un livre dont j’ai retrouvé les références :
Au naufrage de la « Bourgogne »,
récit véridique, par GOAZEMPIS,
l’un des naufragés survivants
4 juillet 1898-4 juillet 1899
Imprimerie havraise, 1899 – 25 pages
Numéro OCLC : 457957491
Le Commandant DELONCLE a sombré avec son navire, et avec lui tous ses Officiers, l’équipage sauf 1 et les passagers qui n’étaient pas tombés à l’eau avant d’une façon ou d’une autre.
Qu’est-ce qui a pu se passer dans ces âmes qui n’ont plus été celles d’êtres humains le temps d’une nuit ? Le lendemain les hommes des chaloupes se pressaient au bureau de la compagnie, réclamant en pleurant de vraies larmes après celles-là mêmes qu’ils avaient condamnées à ne pas revenir à terre.
La peur de se noyer porte un nom : c’est l’ablutophobie et, comme son nom l’indique, c’est une phobie. Une de ces peurs redoutables, irrationnelles, qui bloquent la pensée, vous faisant hurler et vous comporter comme les bêtes que nous sommes aussi.
La nuit du 3 au 4 juillet 1898, cette peur au départ individuelle s’est propagée par une sorte de contagion émotionnelle probablement catalysée par le froid car tous avaient jailli de leur sommeil sans prendre le temps de se couvrir et a réduit à néant les chances de réussite de l’heureuse évacuation de tous.
Le lendemain, les hommes avaient presque tous complètement oublié : ils se pressaient au bureau de la Compagnie en pleurant, implorant des nouvelles de leurs femmes et de leurs enfants.
Le bilan de la catastrophe est de plus de 600 morts sur le La Bourgogne :
- le Commandant et tous les Officiers,
- tout l’équipage sauf Pierre GOAZEMPIS,
- toutes les femmes sauf une que n’avait pas quitté son mari,
- tous les enfants dont deux bébés.
Sous les ordres du Commandant DELONCLE,
- les marins avaient essayé les pompes,
- ils avaient réussi à manœuvrer sans en avoir les moyens habituels,
- ils avaient tenté l’échouement.
Mais la mer ne leur en a pas laissé le temps.
Dans le cas de la Costa Concordia,
nous avons tous en mémoire les témoignages à chaud de sinistrés de toutes nationalités qui, dans leur peur d’être abandonnés, ont « vu » le Commandant SCHETTINO quitter le bateau parmi les premiers, caché sous une couverture, avec sa femme – qui n’était pas là – et l’ont déclaré encore sous le choc aux micros indécemment tendus. L’ont abondamment diffusé les média, leur donnant le poids de témoignages officiels et réfléchis. Je viens encore de lire le rappel de la chose dans les mises à jour d’un journal de langue étrangère en ce qui concerne l’actualité italienne à ce sujet (en effet, la première audience préliminaire proprement dite a commencé lundi dernier 15 avril 2013 au Tribunal de GROSSETO). Et pas dans les chefs d’accusation, c’est normal que ça y figure encore puisque rien n’a encore été officiellement repris et étudié par la Cour, non, dans une description catégorique des faits.
Hors, depuis ce temps, de nombreux documents modernes, photographies, enregistrements sonores, vidéos, ont été diffusés en Italie. Ces documents ont été abîmés par une diffusion nécessairement trop rapide dans la presse-web « in live », mais ils vont être à partir de maintenant fiables parce que vérifiés par les experts.
Il n’y aurait pas de honte à reconnaitre, si on le réalisait sincèrement bien sûr, que sous l’influence d’une peur panique, on a vu ce qu’il n’était pas possible qu’on voie plutôt de de s’obstiner à porter les accusations dont les publications à venir montreraient qu’on a été abusés par ses sens.
Aujourd’hui, un expert américain, travaillant pour les victimes de plusieurs pays, confirme : « Le Commandant SCHETTINO a fait tout son possible pour éviter une tragédie de l’ampleur de celle du Titanic. » (en italien)
Depuis un an et quelques mois, nous avons vu l’opinion publique cristalliser sur le Commandant SCHETTINO, l’employé de la société COSTA de grade le plus élevé à bord de la COSTA CONCORDIA, la stupéfaction d’un accident énorme d’un genre qu’on aurait souhaité ne plus voir jamais.
C’est un mouvement de foule courant dans ce genre de situation. Il permet d’absorber le choc mais il ne sert pas la recherche de la vérité scientifique, la seule qui existe, il n’y en a qu’une.
La seule qui, quelle qu’elle soit, pourrait permettre de travailler à ce que la même chose ne puisse pas se reproduire.
Nous vivons au XXIème siècle. Un siècle où les progrès de la science adoucissent le quotidien et les loisirs pour énormément d’habitants de la planète. Depuis les années 80, en France, les Sciences Physiques ont été enseignées en Collège à partir de la 6ème suite aux travaux de la Commission LAGARRIGUE, en Ecole avec le programme « La main à la pâte du Prix NOBEL Georges CHARPAX.
Alors ne me dites pas que nous ne pouvons pas aujourd’hui suivre et comprendre ce qui va émerger du travail qui commence sérieusement à GROSSETO !
A condition de faire l’effort de se souvenir pour le lecteur de sa culture générale de Brevet des Collèges et, pour ceux qui l’ont vécu, de se souvenir juste lors de leurs témoignages officiels.
Ce que nous demandons tous, c’est :
#1 par Monique-Mauve le 20 juin 2013 - 1 h 48 min
Monsieur Jean-Paul BOSSUGE, Consul de France et écrivain, a écrit sur le naufrage du La Bourgogne le livre « 700 hommes à la mer » que l’on peut se procurer là : http://www.editionsdurocher.fr/700-hommes-a-la-mer_oeuvre_9832.html