« Le monde entier se demande alors comment un navire si moderne a pu couler de la sorte… »

C’est une phrase qui revient comme un leitmotive sur les fiches du site que j’ai découvert hier,

http://naufrageferries.canalblog.com/archives/2012/05/06/24193445.html#comments

et ça finit par être irritant pour le vieux prof qui veille encore en moi.
A croire que le citoyen moyen du monde entier se contente de s’indigner tranquillou dans son fauteuil devant la télé et passe à autre  chose  !
Il s’est posé la question pour le naufrage du TITANIC, paquebot de son état, le plus gros de l’époque, l’insubmersible qui a été submergé médiatiquement le premier, celui auquel on trouve la référence (cinématographique, romancée) dans les témoignages des victimes de tous les naufrages ultérieurs.

Et pour un bon nombre de paquebots, de ferries qui ont eu un accident fatal, exactement les mêmes mots, avec en plus une enquête pas satisfaisante – pourquoi ? Par manque de vulgarisation médiatique des réalités des dangers de la mer ? les naturels et les autres ?

« Pourquoi ? «  c’est la demande la plus lancinante des familles des disparus, professionnels de la mer ou usagers.D’abord la réaction : pourquoi est-ce que ça nous arrive à nous ? puis immédiatement après le choc surmonté, un pourquoi qui ne les quittera plus jusqu’à leur propre mort et poursuivra leurs enfants et les enfants de leurs enfants : pourquoi, scientifiquement parlant, cela a-t-il pu se produire ? avec l’espoir de faire du mal qui les a frappés un bien pour les autres : pour que cela ne se reproduise jamais plus, pour que d’autres familles ne soient pas brisées comme nous sommes brisés.

Sur le moment, le représentant de la Compagnie qu’ils ont en face va « bénéficier » de la présomption de responsabilité. C’est subit, c’est injuste, particulièrement lorsqu’il y a perte d’un enfant, chose contre-nature entre toutes. D’autant plus que sur le moment il ne pourra pas répondre aux questions précises qui lui sont posées par chacun en particulier. Il n’en sait pas plus que vous et moi tant que l’enquête n’a pas rendu ses conclusions.

Le « responsable » en titre qui va venir immédiatement à l’esprit de l’opinion publique est celui qui « commande, seul maître à bord après Dieu ». Tant que la souffrance est vive, on ne peut pas réfléchir, réaliser que le seul maître à bord après Dieu n’est plus malgré son bel uniforme blanc ou bleu marine, depuis avant le Titanic et y compris pour le Titanic, qu’un maillon parmi les autres dans toute une organisation bien huilée sur laquelle repose toute une industrie d’un pays et le gagne-pain – périlleux – de milliers de gens comme vous et moi.

Les dangers de la mer sont multiples et variés.
Il y a ceux qui viennent de la mer elle-même, des intempéries – saviez-vous qu’il y a fréquemment des tornades le long des côtes de l’Italie toute proche ? – du fond, des écueils, et jusque là c’est normal.
Il y a ceux qui viennent des habitants de la mer, et là je pense aux requins dont j’ai trouvé une liste d’espèces impressionnante pour ceux de la Méditerranée, Mare Nostrum.
Il y a ceux qui viennent des riverains: je pense à la piraterie dont j’ai découvert avec étonnement qu’elle existe toujours.
Il y a ceux qui viennent de loin, je pense aux pêcheurs de baleine en zone protégées qui commettent des actes de guerre en pleine paix pour ne pas être pris sur le fait.

Toutes ces choses font l’objet d’articles dans la presse quand elles se produisent mais le souriceau terrien que je suis n’avait pas percuté à quel point le métier de marin pouvait être dangereux.
« C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme. » (RENAUD)

« une folie » disait Marius par la plume de Marcel PAGNOL.

Il ne va pas être facile de prendre toutes les mesures possible et imaginables pour qu’à chaque fois la cause de l’accident soit prévenue dans la mesure où on ne la connait pas suite aux comptes-rendus des études des experts, tout simplement.

Le comble de l’exercice de sécurité raté : le sauvetage des victimes du naufrage de l’Estonia

 C’est arrivé très loin, dans les eaux froides de la Mer BALTIQUE
Estoniawreck_copy

L’Estonia était un de ces ferries qui ont une porte à chaque extrémité pour faciliter le chargement et la récupération des voitures des passagers. A première vue, ça surprend, mais le principe est bien rôdé et des tas de ferries font leur trajet régulier par tous les temps équipés de ce système de portes.

L’Estonia naviguait donc entre Tallinn et Stockholm lorsqu’il a eu son problème. La double porte avant a été arrachée, l’eau est entrée à l’arrière (on ne sait pas comment ça se fait) mais le tout est qu’il a pris de la gite, s’est couché sur tribord et a coulé couché par la poupe, tout comme la Concordia lors de l’échouement au Giglio, au moins au début.
Parce que sous le ferry Estonia au moment où l’accident est arrivé, il n’y avait pas un bas-fond sur lequel le poser, le fond était oh, pas bien profond, une bonne soixantaine de mètres. Et la poupe de l’Estonia couché s’est enfoncée la première jusqu’à ce qu‘enfin elle touche le sol. 

Le voilà encore aujourd’hui, on peut constater un début de retournement avant l’immobilisation finale :

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vous entendrez les appels au secours « MayDay » du Capitaine qui ont été enregistrés, calés sur cette reconstitution de la fin sur une durée de 20 min

si vous n’avez pas la patience ou le courage,allez directement à la fin, voir de quelle façon le ferry, blessé de la même manière que la Concordia, s’est enfoncé dans l’eau alors que deux bateaux locaux s’efforçaient de le localiser et de le rejoindre – le Capitaine ne pouvant pas leur communiquer sa position, à cause du black-out il ne la connaissait pas
 
Il y avait un exercice de sécurité international en cours dans la zone où la catastrophe est arrivée. Mondial même. Hé bien, non seulement les participants n’ont pas participé aux secours, mais il n’y a pas eu d’étude constructive de la catastrophe, pas de conséquence tirée, aucune explication aux familles qui n’ont même pas pu récupérer les corps. Les restes des victimes sont toujours emprisonnées dans la carcasse d’acier de l’ESTONIA. Le Commandant et ses Officiers ne sont pas revenus vivants à terre et n’ont pas pu témoigner de ce qui s’est passé à bord.Il y a eu 137 survivants sur 989 personnes. Les 852 victimes de l’Estonia avaient de 2 mois à 91 ans.

Comme quoi, il est bien difficile de progresser dans le domaine de la Sécurité en Mer.

Espérons qu’à Grosseto, dans ce pays de longue tradition marine, il en sera autrement

et qu’une enquête plus modeste portera des fruits

pour que de petits enfants ne finissent plus noyés

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 L’arc brisé à Tallinn porte les noms de tous ceux qui ne sont pas rentrés

, , , ,

  1. #1 par Ky@ la mouette le 18 avril 2013 - 10 h 26 min

    Hello ! je t’ai envoyé un mel sur hotmel car je ne peux « trouver » ta page concernant La Bourgogne … Bises

  2. #3 par claudielapicarde le 16 avril 2013 - 15 h 49 min

    Pourquoi? Si nous avions toutes les réponses ce serait trop facile et puis il y a les risques de la mer.
    Bises Monique.

    • #4 par Monique-Mauve le 16 avril 2013 - 21 h 21 min

      Quand même, Claudie, entre toutes les réponses et aucune, il y a place pour un raisonnable milieu ! Maintenant, en classe, si un exercice présente une difficulté un peu dure à saisir, on entend ;  » oui mais à quoi ça sert ?  » et si tu n’as pas de réponse satisfaisante à donner aux élèves, je te garantis que ça proteste ferme.
      Les prix des croisières sont tels qu’elles sont accessibles à nos porte-monnaies aujourd’hui. Justement, il y a les risques de la mer, ils sont bien suffisamment importants à eux tout seuls sans qu’on reproduise les erreurs qu’on a repérées dans la construction ou tout autre domaine.
      Sous peine de « chaque jour porter sur ses épaules le remords de l’évitable »,

      Bisous du soir, Claudie.

    • #5 par Monique-Mauve le 17 avril 2013 - 15 h 00 min

      Tiens, ça c’est un compte-rendu d’exercice de sécurité fructueux :

      http://www.diffusion.var.pref.gouv.fr/contenu/documents/flashInfos/38b3eff8baf56627478ec76a704e9b52.htm

      Ils se sont entrainés à travailler en liaison entre les différents services concernés et ils ont avancé dans la coordination. Ça valait la peine de déplacer autant de monde.
      De plus, ils partagent leurs résultats avec les autres sauveteurs de France et d’ailleurs. C’est constructif.

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