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Les portes étanches de la CONCORDIA et ?

Cet article date du 22 avril 2013, et contient les extraits suivants d’entretiens téléphoniques entre Monsieur Paolo MATTESI, responsable de la sécurité de COSTA Croisières, et le Commandant GARBARINO, de chez COSTA Croisières d’une part et l’avocat Maître Cristina PORCELLI de l’étude qui travaille pour COSTA Croisières et Monsieur Paolo PARODI, ingénieur, Inspecteur Technique et Superintendant de la flotte, de l’unité de Crise de COSTA Croisières. Au cours de la discussion, qui portait au départ sur un nouveau bateau sur le point de sortir du chantier, le nom de la COSTA CONCORDIA avait été prononcé …

Voyez-vous, le Commandant GARBARINO est celui qui avait réalisé le tout premier inchino au GIGLIO avec la CONCORDIA après ceux du Commandant PALOMBO, ce qui explique son ton passionné à ce sujet. Ci-dessous un échange de courrier entre Monsieur le Maire de PORTO-GIGLIO et lui-même à ce sujet aussi.
http://fagioliborlotti.wordpress.com/2012/01/25/inchini-ed-isole/

Le premier enregistrement a été publié sur YouTube le 16 février 2013.

Il s’agit d’une écoute téléphonique qui date du 25 février 2012, un mois à peine après l’accident.

G: E soprattutto, queste porte stagne che abbiamo noi, che sono con quelle di quella cazzo di ditta che, belin, e da mettere in prigione prima del sottoscritto che avrà fatto qualche belinata ..   Et surtout, ces portes étanches que nous avions et qui sont celles de l’entreprise, putain-con, le gars qui fabrique ces cochonneries de portes-étanches aurait du être mis en prison avant moi si j’avais eu un pépin … 
M: (Ride) … 😀
G: Devono mettere loro che certificano le navi, (impreca – n.d.f.)!.. Faut dire aussi que les ceusses qui donnent les certificats de navigabilité des navires ! (autre juron viril)
M: Dai, lasciamo perdere, sono dei. .. san dei pa … quindi … Allez, laissons tomber …, ce sont des sans parole … alors …
G: (Impreca ~ n.d.L) belin! Come cazzo le autorizzano! Perchè .. perchè queste porte stagne qua, la tenuta ce l’hanno come una baberna! Dopo due anni è già da cambiare! … C’è l’aria! . (re-juron viril) Merde alors ! Comment peut -on autoriser des cochonneries pareilles ! Parce que … parce que ces porte-étanches-là, elles jointent comme les genoux de ma grand-mère … Ça fait bien deux ans qu’elles auraient du être changées ! On voit le jour à travers !
 

 Le second extrait d’écoute téléphonique a été publié sur YouTube le 12 février 2013.

Au départ, il ne s’agissait pas de la Concordia, mais d’un bateau tout neuf.


C : no, no, ma volevo solamente chiederti una cosa a tecnica, la nave ce la possono anche consegnare con la boccola che si surriscalda e va male ? non, non, mais je voulais juste vous demander une chose technique, le navire est-ce qu’on peut nous le livrer bien que l’axe surchauffe et fonctionne dans de mauvaises conditions ?

P : eh … . non è mai rosso e bianco in queste cose … heu … .dans ce domaine, rien n’est jamais ni tout blanc ni tout noir … 
C : ecco voilà
P : cioè, se una boccola brucia assolutamente no, la nave va con un solo asse, ma dipende tutto da come fai le prove a mare, se le prove a mare […]
c’est-à-dire que si l’axe est brûlant, non, il ne faut absolument pas, le navire est n’a qu’un seul axe pour avancer, mais tout dépend de la façon dont vous faites les essais en mer, si les essais en mer [ … ]
C : no. a me. ti dico. quello che interessa capire è che Fincantieri mi arrivi … il giorno della consegna eh … hum … cioè se io posso accettare una nave con una boccola che ha un problema oppure se … cioè voglio dire, il RINA mi mette la dichiarazione il (incomprensibile) … ecco, ti rigiro la domanda non, je vous explique, tout ce que je veux savoir, moi, c’est pour quand FINCANTIERI la livrera … le jour de la livraison, heu, … hum, … c’est-à-dire si je peux accepter un navire qui a un problème sur l’axe de transmission ou si ce serait … je veux dire, le RINA me met dans la Déclaration que … (incompréhensible) … voilà, je vous repose la question
P : ma RINA … RINA fa tutto quello che vuole FINCANTIERI […]
mais le RINA … le RINA fait tout ce que FINCANTIERI veut [ …
P : .. . una consegna, quindi, puoi decidere di fare delle prove a mare severe, quindi zig zag eccetera eccetera eccetera eccetera, quindi a quel punto, o la boccola si ribrucia o la boccola va bene
et puis, à la livraison, vous pouvez imposer des essais en mer rigoureux, avec des zig-zag, etc, etc, etc, etc, à ce moment là vous verrez bien si l’axe tient ou ne tient pas
P : quindi se .. se .. se .. . va bene va bene finito il discorso, se si ribrucia, la nave deve ritornare in bacino 
et puis, si, si, si, … bon, bon, pas besoin d’en discuter encore, si l’axe est brûlant, il faut renvoyer le navire en bassin un point c’est tout
C : ho capito, ho capito< j’ai compris, j’ai compris
P : però puoi anche decidere di fare delle prove a mare non severe, se tu prevedi che nei prossimi …
mais vous pouvez aussi choisir de faire les essais en mer moins stricts, si vous vous prévoyez que prochainement …
C : va beh … que … quello è un aspetta …
ok … c’est que … c’est que ça ferait attendre …
P : guarda … guarda … e no io, secondo me andrà a finire così, che faran delle prove a mare finte écoutez … écoutez … moi je n’y crois pas, selon moi ça va finir comme ça : vous allez faire des essais en mer faux
ah .. oh ben, ce n’est pas un problème …
P : perchè è interesse di tutti fare delle prove a mare finte […] parce que c’est l’intérêt de tout le monde, de faire de faux essais en mer [ … ]
P : Forse non è manco interesse Costa, anzi secondo me non ha assolutamente manco interesse Costa andare a fare delle pro ve severissime eh … eh .. eh … perdiamo anche due croci .. due settimane di crociera peut-être que ce n’est pas l’intérêt de COSTA, en fait selon moi ce n’est absolument pas l’intérêt de COSTA, de faire des essais en mer super-rigoureux hein … hein … hein, nous y perdrions même deux croi … deux semaines de croisières
C: certo, chiaro sûr, c’est clair
P: quindi magari, lui dice va beh ..facciamo delle prove tanto che la nave può superare i prossimi sei mesi alors ils vont peut-être dire, bon … faisons des tests tels que le navire puisse tenir les six prochains mois
C: certo sûr
P: tanto che la nave fa la crociera a velocità limitata, quindi diciamo va beh, invece che farlo andare a centoquarantasei giri, facciamolo andare a centotrentasei, Facciam le prove ….de sorte que  le navire fait la croisière à faible vitesse, alors nous disons c’est bon, au lieu de le faire aller à cent quarante tours par minute, faisons-le aller à cent trente-six pour les essais …
C: va bene okay. chiaro c’est bon, ok, c’est clair
P: tieni presente che questo è già successo con una nave, ce la siamo presi con la …con la prescrizione di classe che non poteva superare il …. che se non sbaglio era il Concordia rappelez-vous que cela s’est déjà produit avec un navire, il nous
l’avons pris avec le … avec la prescription de la classe qui ne pouvait pas dépasser …. si je ne me trompe pas c’était le CONCORDIA

En résumé : la CONCORDIA avait un ou plusieurs défauts de construction, peut-être seulement ses portes étanches, peut-être autre chose en plus, et tout le monde marin le savait, chez COSTA mais pas seulement chez COSTA. Au chantier où elle est née on le savait, et l’organisme qui donne ou ne donne pas les certificats de navigation en Italie le savait aussi.

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Il était une fois un sous-marin

un conte du temps où le mot morale n’attirait pas des regards incompréhensifs chez les adultes pour toute réponse et où on racontait des histoires vraies aux enfants.

Il était une fois un très vilain bulbe d’étrave

— comme celui qu’on voit juste quand le CONCORDIA a basculé sur les photos en noir et blanc ? avant qu’elle se pose au fond ?

— oui, mon fils. Un très vilain bulbe d’étrave qui voulait aller tout seul où il voulait. Un jour, il a quitté son paquebot tout blanc

— il était rouge, hein, papa ?

— il s’est camouflé pour qu’on ne le voie pas, mon fils, il est devenu pareil au fond de la mer. Et il est parti jouer avec d’autres bulbes d’étrave « perdus »

— comme dans PETER PAN ?

— oui, mon fils. Le vilain bulbe d’étrave ne savait pas bien nager, tout seul

— forcément, il nageait toujours en surface avant, là il allait où il veut !

— oui mon fils, maintenant, il pouvait aussi plonger. Il s’est empêtré dans un chalut

— un filet de pêche qu’on traine profond ?

— oui mon fils, dans l’un des câbles qui le tirent. Et il ne s’est pas arrêté pour couper le câble.

Il a continué à avancer, à une vitesse folle. Les marins qui étaient à bord ont juste eu le temps de dire à la radio « on coule ! on est attiré vers le fond !  » Les autres pêcheurs qui travaillaient dans la même zone les ont entendus. Il y en a un qui est mort noyé à 2 m de la porte ouverte tellement c’est allé vite.

— Papa, comment appelle-t-on un bulbe d’étrave qui plonge ? c’est un autre bateau ?

— oui, mon fils, c’est un autre bateau, c’est un sous-marin, mon fils.

— Et comment s’appelait-t-il lui ? tous les bateaux ont un nom !

— on ne sait pas, mon fils, il ne s’est pas encore dénoncé.

— le chalutier, papa ?

— il s’appelle le BUGALED BREIZH, les enfants de BRETAGNE, ils sont tous morts et lui aussi, il fera juste 10 ans demain.

R.I.P.

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