Articles tagués Francesco Schettino
Droit de réponse sur IL TIRRENO
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO le 20 avril 2014
là pour l’édition numérique (incomplète)
Le témoignage de Roberto FERRARINI contiendrait, après traduction et diffusion, une phrase franchement accusatrice. Il en ressort à peu près ceci, comme idée générale :
SCHETTINO voulait mentir aux autorités en leur téléphonant là sur le moment et quand il serait interrogé par la suite sur l’accident.
Le black-out ou l’écueil en premier ? rien que ça, on ne pouvait plus rien expliquer ni comprendre.
… avec une boite noire, doublée tous par les disques durs des ordinateurs du bâtiment comme témoin, comme c’est vraissemblable …
Et les consignes du patron ? qui les évoque ?
Les Capitaines des navires de croisière sont des personnages publics, on se fait prendre en photo avec eux, les journalistes les interviewent.
Il est assez logique que, soignant l’image de la boite, le patron leur donne des consignes communes quand ils la représentent devant les médias :

on reconnait la police d’écriture « Costa », une création française de Jean-François PORCHEZ pour l’entreprise Costa Croisières
là pour un .pdf de la page entière du journal-papier que je n’avais pas su trouver en France
C’est votre parole contre celle de FERRARINI alors, en l’absence de preuve du contraire. Mais il y avait de la combine dans l’air ou pas ? est-il possible que FERRARINI ait pu inventer complètement une chose pareille ?
La boite noire ne fonctionnait pas bien.
Commandant, les experts ont dit le contraire …
Elle ne fonctionnait pas bien et elle n’a pas tout enregistré. Regardez, il y a un enregistrement du 22 janvier dans lequel le commandant en second, Roberto BOSIO, parlant avec l’inspecteur Pier-Francesco FERRO, essaie de savoir s’il y a des données récupérables dans la boite noire pour après le black-out : BOSIO savait que la mémoire de la boite noire elle-même, la vraie, l’originale, celle qui était au pont 4 n’enregistrait pas régulièrement en continu. De fait, c’était lui qui avait demandé qu’un technicien intervienne pour la réparer, il l’avait obtenu pour le lendemain à l’escale de SAVONE.
Pourquoi d’après vous ne s’intéresse-t-on pas à ce que pourrait dire le Commandant en second ?
Je ne saurais pas dire pourquoi on semble ne s’être intéressé qu’à la boite noire de la passerelle.
Si le navire avait complètement coulé, personne n’aurait jamais au la possibilité de comprendre comment ça s’était passé. Les données de la boite noire à présent disponibles on été trouvées enregistrées sur l’ordinateur de la passerelle, qui était heureusement dans la partie restée émergée (et n’a pas glissé dans l’eau).
Autrement, pour moi c’était la fin, comme pour l’histoire de la mise à l’eau des chaloupes décidée et réalisée par les uns et les autres et autres affirmations fantaisistes. Même vous, vous en êtes rendu compte, non ? sans le témoignage de la boite noire, pour moi, ça aurait été un vrai désastre.
Permettez au souriceau de la Concordia d’avoir une pensée pour cet autre Capitaine qu’on a arrêté sous les caméras de la presse et qui commence le même chemin de croix, bien loin, en CORÉE du SUD, parce que son troisième officier, qui était de garde, a viré de bord
ce qui a donné au ferry des enfants une gîte immédiate qui dans son cas s’est terminée la tête en bas, et la poupe la première dans une eau boueuse, glacée, pleine de remous et suffisamment profonde pour qu’il reste émergé moins que de la JOOLA sénégalaise.
Parce que la compagnie a fait construire deux étages de plus sur l’ancienne coque qui n’était pas prévue pour avant de faire repeindre le tout pour prendre plus de passagers, pour gagner plus de sous.
Les élèves sages qu’il emportait en sortie auraient pu le leur dire eux-mêmes, que ça allait le rendre instable !
Au fait, il n’a pas ordonné l’abandon du navire parce qu’au moment où on le lui a reproché, les bateaux de secours n’étaient pas là et que « les passagers allaient être emportés par les courants », ces mêmes courant qui ont empêché les sauveteurs d’intervenir ensuite, alors qu’il y avait encore des signes de vie depuis la coque retournée.
Les secours n’étaient pas là parce qu’en mer, on va moins vite que sur terre ou par air pour les bateaux le plus proches et que de toute façon, la terre était loin.
Les secours n’étaient pas là parce qu’il fallait le temps aux grues géantes capables de retourner l’énorme carcasse d’arriver sur les lieux.
Maintenant qu’elles y sont, il n’y a plus de signe de vie.
Le principal-adjoint du Collège qui avait vraisemblablement organisé lui-même la belle sortie – récompense, qui l’accompagnait, responsable lui-aussi devant les parents et que le hasard avait sauvé de la noyade s’est pendu à un arbre, je l’ai su ce matin.
La COSTA CONCORDIA a trouvé son Frédéric POTTECHER, son CICERON, son ZOLA
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO le 17 avril 2014
Tandis que se déroule dans le silence partial des medias le plus grand, le plus injuste des procès de la Marine Marchande du siècle, un blog pas comme les autres vient de naître :
Entièrement dédié à la fin du magnifique bateau, soucieux de connaître ce qui s’est réellement et entièrement passé à bord de sa passerelle la nuit du 13 au 14 janvier 2014.
Les témoignages qui se succèdent à la Cour de GROSSETO y sont à présent transmis en direct par une jeune fille qui vient de passer brillamment sa thèse de Doctorat en Sciences Politiques en prenant pour sujet la couverture médiatique de l’affaire : Mlle Angela CIPRIANO.
Passionnant et instructifs, tous les témoignages en direct de ces hommes et de ces femmes qui y étaient à des titres divers, et ont de près ou de loin vécu professionnellement et revivent la tragédie pour le procès.
Nous voici revenus au temps des grands orateurs judiciaires et le procès d’un homme vraisemblablement innocent de tout ce qui a fait l’accident et les décès prend à présent toute sa dimension tragique.
Ce blog est en italien.
Pas celui qu’il a reçu de Francesco SCHETTINO en soirée du 13 janvier et dont je vous ai peut-être parlé, non. Un coup de téléphone où Monsieur Roberto FERRARINI, de la cellule de crise à terre, l’entretenait de la position de son commandant sur le « rocher » de la pointe GABBIANARA toute proche de PORTO-GIGLIO, à une dizaine de mètres du navire.
Et on comprend à présent qu’il a été jugé en haut lieu que le Commandant du navire coordonnant les secours depuis cette position y était plus utile à ses passagers en particulier et aux secours en général que s’il avait perdu du temps à essayer de remonter sur le navire en gênant l’évacuation par les échelles de corde, comme il a été publié.
Voilà pourquoi on ne lui a pas envoyé l’hélicoptère qui, seul, lui aurait permis d’y retourner.
Les hélicoptères ont été envoyés pour l’hélitreuillage des passagers et membres d’équipage coincés en fâcheuse posture sur l’extérieur de la structure.
Dans le dispositif d’évacuation des passagers : la chaussette géante
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO, Journal de bord le 23 mars 2014
la gaine, la glissière, le manche, la manchette …
On les rencontre à terre pour l’évacuation des plus hauts immeubles – et des moins hauts – comme le montre cette très courte vidéo (1 min 44 s) commentée en français.
(je m’y étais intéressée en souvenir de l’incendie des Nouvelles Galeries de 1938 à MARSEILLE dont le quartier du Vieux Port où on les a relativement récemment reconstruites est encore traumatisé)
Car le deuxième danger auquel peuvent être confrontés les croisiéristes, l’incendie, sévit aussi et surtout à terre.
http://www.escape-chute.net/neu/fr/glissiere_de_evacuation.php
La chaussette est une invention française.
Elle se compose de trois, quatre tubes enfilés l’un dans l’autre selon les fabricants.
Le premier, celui qui est au contact de la peau, est fait d’une matière avec lequel le contact glissant ne provoque pas de brûlure.
Le seconde veille à la contention des personnes qui sont en train de descendre (tous ceux et celles qui ont du porter des bas du même nom, anciennement « bas à varices », savent à quel point ces bas peuvent soutenir de façon efficace).
La troisième est fixée au support, le mur, le bateau ou le camion des pompiers et surveillée au point d’arrivée. Elle guide les personnes en cours d’évacuation dans leur mouvement de descente.
La descente est contrôlée. Parfois, un dispositif en forme d’hélice évite d’avoir besoin de le faire en utilisant les jambes.
La prise de contact avec la terre n’est donc pas brutale.
Pour les personnes à mobilité réduite, les deux aidants dont elle a habituellement besoin pour se déplacer prennent place l’un avant elle et l’autre après elle.
Les enfants de plus de 12 kg l’utilisent comme un toboggan.
Enfin, une chaussette régulièrement utilisée doit être changée au bout d’une douzaine d’années. Je ne sais pas combien de temps elle garde ses propriétés en restant dans sa boite sauf le temps de l’exercice à l’équipage toutes les semaines.
La chaussette ne tient pratiquement pas de place, le radeau gonflable du billet d’hier en tient moins que des canots rigides, les deux laissent donc davantage de champ pour les lumières de la côte.
La chaussette a servi à évacuer heureusement 43 personnes âgées lors de l’incendie de l’hôpital de la Tour Blanche d’ISSOUDUN, rappelle le Capitaine des pompiers SALES qui commente.
La chaussette est un moyen de descente très rassurant si rôde le troisième danger auxquels s’exposent les croisiéristes : le requin
2000 : deux pêcheurs ramènent à leur bord un requin dans les eaux du GIGLIO, la bête s’échappe et ils en voient un second passer près de leur bateau.
http://archiviostorico.corriere.it/2000/luglio/30/Due_squali_bianchi_largo_del_co_0_0007301393.shtml
2008 : un requin vient s’échouer sur la rive de GIGLIO CAMPESE, de lui on trouve des photos sous toutes les coutures :


http://www.giglionews.it/2008/09/03/ritrovato-squalo-nelle-acque-dell-isola-del-giglio/
http://laltroparco.forumattivo.com/t135-giglio-lo-squalo-capopiatto
La presse italienne a publié l’identification de la bête, elle n’est pas dangereuse pour l’homme attendu que son habitat naturel est à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
Pas dangereuse pour les estivants des environs de l’ARGENTARIO donc (c’est un endroit où vivent deux races de requins, le requin éléphant et le grand requin blanc).
Pourtant, quand les requins se font voir, les plongeurs de langue française s’inquiètent : https://groups.google.com/forum/#!topic/it.hobby.scuba/aJGV6XCtqdc
La sécurité lors de l’évacuation des géants des mers
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO, Journal de bord le 14 mars 2014
est l’objet des préoccupations des sauveteurs en mer.
Tandis qu’au chantier de Saint NAZAIRE, on construit un paquebot plus que plus-que-géant,
tandis que déjà naviguent l’OCEAN OF THE SEAS et ses semblables, dont les canots de sauvetage, pourtant de dimensions déraisonnables et contraires à la Convention SOLAS ne pourraient pas contenir tout le monde en cas de problème
je viens d’en croiser les plans, perdez-vous un peu dedans :
http://www.cruisecritic.com/oasis-of-the-seas-deck-plans/dp/
on teste – entre autres – un nouveau genre de canot de sauvetage :
La vidéo a été tournée au mois de mai 2001, elle a été mise en ligne en octobre 2009, l’étude n’est pas de circonstance.
L’essai a été fait dans des conditions pires que ce qu’on peut voir pour les canots rigides : la mer est très grosse.
Un premier « petit » bateau avec un moteur puissant a été mis à la mer depuis le flanc du gros lorsque, à 01:40, on voit sortir, sur sa rampe de lancement, un second « petit » objet flottant qui va chuter librement, sans ascenseurs qui posent problème.
L’objet flottant est un radeau qui se déplie au contact de l’eau, il est vide. Liée à lui, une double chaussette de descente. On voit particulièrement bien la liaison à 02:47, ainsi que le radeau prêt à recevoir sa précieuse cargaison.
Du « paquebot », quelqu’un descend dans la chaussette. On le voit faire très bien aussi : elle doit être faite en filet, comme à FORT-BOYARD, le jeu télévisé auquel des tas de non-marins participent (j’y ai vu le chanteur aveugle Gilbert MONTAGNE faire de la plongée sous-marine – entre autres – comme quoi, quand on veut, on peut).
Les sauveteurs ont pris place dans le radeau, pour assurer la réception des passagers. Il peut porter en tout 145 personnes. Ce qui fait déjà pas mal de monde auquel il faudra faire garder le plus de calme possible.
Ce modèle a pour nom SELANTIC.
A 04:38 le rapport sur l’essai, essayons de traduire ce qui est intéressant :
Dans le cas de l’essai, le vent était de 6 sur l’échelle de BEAUFORT et le vagues avaient jusqu’à 3 m de haut.
En plus du radeau, le « petit » bateau rapide et son comportement à la mer (largage et retour au près du « bateau en détresse ») ont été testés.
Résultats :
ok pour des réactions du radeau face aux forces de déformation qu’il a subi du fait des vagues,
ok pour le fonctionnement du treuil qui le retient sur le plan incliné de lancement et
ok pour son système d’étarquage (on maîtrise parfaitement le radeau sur sa rampe),
et ceci pendant que le gros bateau subissait des assauts de vagues de 3,3 m de hauteur.
Les annexes sont des mesures sur le vent et les vagues.
Cette étude vient de NORVEGE (fonte le tampon). Le temps celui qu’il faisait à Sandessjøen le 3 mai 2001, tout près des iles LOFOTEN, but d’une des plus belles croisières COSTA qui fut mise au point par le Commandant Francesco SCHETTINO. Une preuve qu’on avait confiance en lui en haut lieu, chez COSTA et en NORVEGE.
Ensuite, pour bien faire,
il faudrait visionner l’essai avec des figurants plus ou moins âgés et handicapés et des enfants, les familles et les retraités constituant la clientèle des croisières, maintenant qu’elles sont accessibles à tous, financièrement parlant.
… le souriceau n’a pas encore trouvé les vidéos en ce sens ...
La peur, les cris et la panique n’étaient pas présents.
Malheureusement, en situation, ils semblent inévitables.
Tout le monde doit faire avec cette forme de réaction instinctive violente de masse.
Pendant et après-coup.
Ils font partie intégrante du traumatisme.
En hommage à Messieurs Simone GULI et Silvio SCARABICCHI
Publié par Monique-Mauve dans Commandant SCHETTINO, Journal de bord le 13 février 2014
http://archiviostorico.corriere.it/1995/agosto/08/addio_Calma_piatta_co_0_9508088736.shtml
Grave naufrage : un paquebot italien coule à pic devant la côte brésilienne le soir du 25 octobre 1927 : 314 morts sur 1259 personnes à bord
adieu, reposez en paix
Publié dans LES GRANDS NAUFRAGES :
Sept navires accourus après le S.O.S. ne se sont pas approchés par crainte des
explosions.
Dans le chaos qui a précédé le naufrage le Chef des Machines s’est suicidé.
Le Capitaine est mort noyé ainsi que les autres passagers restés pris au piège.
Le navire avait eu à son bord des personnages célèbres tels que TOSCANINI, PIRANDELLO et la PAVLOVA.
Publié dans HISTOIRES DE CET ÉTÉ :
Cinq heures sans bouger dans une mer d’huile, embarquant de l’eau, devant sept navires qui avaient répondu à son S.O.S., c’est comme ça que le paquebot MAFALDA a coulé à pic dans l’océan ATLANTIQUE, à dix heures et quart du soir, à quatre-vingt mille des côtes du BRÉSIL.
Une tragédie des mers parmi les plus graves : 314 morts sur 1259 personnes à bord, passagers et équipage confondus.
Le Capitaine qui s’enfonce avec le navire, le Chef des Machines qui se suicide, des scènes de panique au moment du « sauve qui peut », des accusations aux marins de s’être sauvés les premiers, des gens terrifiés qui refusent de monter dans les canots de sauvetage et se laissent engloutir dans les tourbillons.
En Italie, on parle aussi peu que possible de ce drame.
On y trouve encore moins d’explications sur ses causes.
L’Italie de MUSSOLINI est une nation maritime et la propagande fasciste en célèbre la gloire à chaque occasion.
Les journaux écrivent :
« La merveilleuse renaissance de notre marine de laquelle dépend une part si importante de l’avenir de l’ITALIE ne s’arrêtera pas pour cela. Au MAFALDA qui disparaît glorieusement … »
Glorieusement ? Le transatlantique est vieux. En 1927 il navigue déjà depuis 18 ans et vit sur sa réputation d’avant, du temps où il passait pour l’un des plus luxueux navires du monde.
Il l’avait été en fait, même s’il était un bâtiment de structure modeste de 9000 tonneaux, rien en comparaison des 60 000 tonneaux du TITANIC qui, quinze ans auparavant, l’avait précédé au fond des abysses.
Mais il s’agit d’un paquebot bien « lancé » publicitairement, présenté comme un joyau de la marine la plus perfectionnée et sur le MAFALDA ont voyagé des personnalités comme TOSCANINI, MARCONI, PIRANDELLO, Tatiana PAVLOVA.
Il sert de symbole de statut social et ce qui compte par dessus tout, c’est ce qui se voit : ses immenses salons, ses tapis précieux, ses tapisseries des GOBELINS aux murs, ses statues et peintures signées.
Le duc Emanuele Filiberto d ‘AOSTE, présent au voyage inaugural en 1909, déclarait avec une admiration béate qu’il trouvait son luxe excessif. Tout est-il juste ? A la pointe du progrès ? Entièrement consacré à l’efficacité et au paraître ? Peut-être, au début et dans la pensée initiale de l’armateur, le sénateur Ernesto PIAGGIO, le fabricant – créateur du LLOYD italien, qui en avait confié la conception à son fils Rocco, un ingénieur naval au brillant avenir.
Puis les temps ont changé et la qualité des passagers a changé avec le temps. L’émigration vers les pays des Amériques du Nord et du Sud est devenue le vrai gros phénomène, qui a éclipsé le prestige conféré jusque là par la présence des VIP.
Les émigrants sont des milliers, on fait le plein à chaque voyage, 300 cent lires pour le billet de repas à volonté de 65 lires de plus pour manger sur une table, de l’argent plein les mains et tous sur le pont, ne jamais se faire voir, car les passagers première classe ne doivent pas être en relation avec ces gens là. Aller et retour sur l’Atlantique en transportant des émigrants faisait rentrer des millions. Qu’importe si, par suite de cette façon de l’exploiter et de l’usure que cela lui a infligé, le MAFALDA est devenu un vieux tacot et si, dans le milieu de la marine de GÊNES, où se trouvent les patrons, on connait ses limites et les risques, et si on en parle comme d’un bateau d’opérette ? Importez la tranche que les propriétaires sont en mesure de se tailler le gâteau de 150 milliers de migrants chaque année par l’océan «payer le billet . Ce qui compte, c’est la taille de la part de gâteau que les propriétaires sont en mesure de se tailler sur le dos des 150 milliers de migrants qui traversent chaque année l’océan en payant leur billet.
A cette part de gâteau, on sacrifie tout, la sécurité et la protection des gens de mer. Le risque est compensé par les sous qui rentrent et on n’a pas de temps à perdre avec le « merveilleuse renaissance de notre marine ».
Le Directeur des Machines, SCARABICCHI ne se tait pas : « Le personnel débute, les sous-officiers débutent, il faut faire tourner les moteurs à basse consommation … , la propulsion gauche est en panne, mieux vaut changer de métier. »
Pour les armateurs, tout est en ordre, pas de souci.
Le capitaine du MAFALDA, Simon GULI, 61 ans, sicilien, vieux loup de mer, réalise seulement pendant le dernier voyage combien les dangers d’une navigation dans ces conditions ont augmentés. Il fait escale dans l’île de CAP-VERT et télégraphie à la société propriétaire du navire qu’il faudrait envoyer un autre paquebot pour remplacer le MAFALDA si on veut effectuer la traversée en toute sécurité.
La réponse exemplaire quand à l’attribution de la responsabilité du naufrage : « Continuer sur le port prévu et attendre les instructions.«
Le port prévu est RIO de JANEIRO.
Discipliné, le capitaine GULI continue.
Et avant la tragédie, encore, d’autres épisodes négatifs avaient émaillé le voyage. Une panne dans les frigos avait avarié la viande du bord et on avait eu beaucoup de cas d’intoxication alimentaire.
La question était préoccupante à cause des réactions et des protestations des passagers de première classe ; par contre, il suffisait de distribuer aux émigrants de la morue salée et des biscuits (de mer), pour eux, il n’y avait pas de norme d’hygiène à respecter.
Alors, à l’ile du CAP-VERT, on avait embarqué des dizaines de porcs et un bœuf.
En attendant, on avait servi du poulet rôti, une viande qui était moins périssable, mais il fallut jeter le bœuf après l’avoir abattu : on ne pouvait pas le manger, il était trop dur.
Au sein de l’équipage court le bruit que le MAFALDA porte la scoumoune.
. Son nom est associé à celui (ietatorio, qui jette un sort ? qui porte malheur ? ) de sa soeur jumelle , le JOLANDA. (Les deux navires portaient les noms des deux princesses de SAVOIE, filles du roi VICTOR-EMMANUEL II)
Lors du lancement, dans le chantier naval de RIVA TRIGOSO, on avait oublié que les hublots étaient en position ouverte. Le JOLANDA s’était penchée latéralement en entrant dans l’eau, l’eau (froide) est entrée et a fait exploser la chaudière (brûlante).
La manoeuvre d’accostage était mal menée et le paquebot coula sous les yeux des autorités perplexes cependant que l’orchestre continuait à jouer.
On dut démolir l’épave.
Est-ce qu’un peu de cette malchance ne se serait pas communiquée à la jumelle ?
Les péripéties d’un naufrage qui allait devenir l’une des plus grandes « fortunes » de mer sembleraient le confirmer.
Le mardi 25 octobre à 17 h 15, une secousse terrible sembla transpercer le MAFALDA.
Au début, on pensa à une explosion, peut-être au niveau d’une chaudière qui aurait sauté.
Mais la cause était tout autre.
Un accident qui n’aurait pas fait de morts si le navire avait été en parfait état de fonctionnement, mais vous savez qu’il ne l’était pas.
Les portes étanches ne se sont pas fermées, la salle des machines du timon a été inondée, dans 20 m² se sont engouffrées 350 tonnes d’eau.
Il faudrait aller dans le local du [timon à la main], mais la porte d’accès ne veut pas s’ouvrir, les boulons sont cassés, personne n’a fait leur maintenance (on change les cassés) depuis on ne sait plus combien de temps.
L’orchestre de bord jouait une chanson titrée « l’Explorateur » lorsque le Capitaine GULI, réalisant la gravité de la situation, lança le S.O.S.
Deux navires de marine marchande venaient juste de croiser le MAFALDA : le hollandais ATHENA et l’anglais EMPIRE STAR. Ils firent demi-tour et accoururent.
Cinq autres navires qui avaient entendu l’appel au secours arrivèrent aussi sur les lieux.
GULI, navré, se demandait pourquoi ils ne s’approchaient pas plus et on saura plus tard qu’ils ne l’ont pas fait en voyant un filet de fumée s’élever de le MAFALDA, pour eux un signe de danger d’explosion au niveau des chaudières alors qu’en fait, au contraire, la fumée sortait des chaudières parce qu’on les avait chargées à bloc justement par crainte d’une explosion avant d’être arrivés.
Ainsi, au moment du « sauve qui peut », les navires accourus vont se limiter à accueillir les naufragés qui les auront rejoint à bord des canots de sauvetage, mais il n’y aura aucun espoir pour ceux qui auront sauté dans l’eau et personne d’autre ne viendra pour les récupérer.
Il est impossible de faire savoir aux sept navires que la fumée n’annonce pas l’explosion des chaudières. La radio est muette. L’eau l’a irrémédiablement endommagée et aucun autre dispositif de communication n’a été installé.
A bord, la panique s’est propagée et les émigrés syriens lancent à la mer les caisses qui contiennent les marchandises qu’ils ont emportées pour refaire leur vie en Amérique, les tapis précieux tissés à la main dans la mère patrie.
Les mâts s’abattent sur les canots de sauvetage, les écrasent, blessant ceux qui étaient déjà à bord et se croyaient sauvés.
Deux passagers de première classe ont les nerfs qui lâchent et se suppriment.
Beaucoup refusent de se hasarder sur la mer, ils ont vu des ailerons des requins alors qu’il n’y en a pas (heu … ? pas sûr, ça).
La mer est très calme, une mer d’huile, il n’y aurait pas du y avoir de victime et au contraire le bilan sera tragique, 314 morts.
SCARABICCHI, le Directeur des Machines, va trouver le Capitaine GULI et lui dit : « Il n’y a plus rien à faire. »
Celui-ci lui répond : « Restez ici, avec moi. »
Mais SCARABICCHI ne l’écoutera pas, il descend dans sa cabine et se tire un coup de pistolet en pleine tête.
A bord, il ne reste pratiquement plus personne comme personnel navigant, il n’y a que le Capitaine GULI et quelques passagers terrorisés.
On ne sait pas si quelque chose l’a empêché de se sauver, ou si il a choisi de mourir avec son navire, selon l’éthique de la marine.
C’est probablement la première hypothèse qui est la bonne, mais ne peut-on imaginer aussi que le fascisme en ait fait un héros ?
Était-il possible de dire la vérité ? que ce vieux tacot juste bon à passer au marbre (littéralement : à envoyer au désarmement) qu’on maintenait en service par appât du gain avait coulé par incurie et par une coupable manœuvre spéculative ?
Était-il possible de publier que toutes les versions des causes du naufrage étaient fausses, l’explosion des chaudières, l’incendie, et même une collision avec les falaises des iles ALBROHOS ?
Était-ce possible alors que le Ministre des Transports Costanzo CIANO avait fermement fait savoir que le navire était parfaitement en règle et ses canots et gilets de sauvetage efficaces et sûrs ?




