Depuis longtemps déjà le souriceau de bord avait précieusement rangé le lien de l’Annexe 5 du rapport technique de l’enquête préliminaire sur l’accident de la CONCORDIA.
Il contient par écrit l’enregistrement de la boite noire après le choc avec l’écueil affleurant du SCOLE, après l’accident lui-même.
Il était logique de penser que l’Annexe 4 contiendrait peut-être l’enregistrement correspondant avant le choc. Mais GOOGLE, à qui je l’ai demandée, m’a conduite carrément ici :
https://www.ansa.it/documents/1350559529657_Relazione_Tecnicaperitigip.pdf
aux 270 pages du corps du Rapport Technique du 11 septembre 2012
Officiers de la CONCORDIA
Officiers de garde le 13 janvier 2012 entre 20:00 et 24:00
Le projet du Commandant pour l’inchino
ce qu’on a appelé « le changement de route » :
- sur la route 302° au nord-est de l’ile de GIANNUTRI, que le navire prenne une route à 278°
- à proximité de l’ile du GIGLIO, se mettre parallèle à la côte en tournant à droite pour prendre une route à 334° de façon à passer à un demi-mille à l’est du bas-fond du SCOLE (ce qui laisse une profondeur de 10 m d’eau sous la quille) jusqu’au travers de la Pointe del FENAIO (la partie nord de l’ile du GIGLIO)
- continuer avec le cap 328° jusqu’au canal de PIOMBINO
Le tournant et le transfert du commandement pour la manœuvre
à 21:34:38 :
Le Commandant SCHETTINO arrive en passerelle, demande quelle est la vitesse et ordonne « timon à la main ».
AMBROSIO, à qui il incombe de donner les ordres, répète à voix haute « timon à la main ».
Le timonier, ainsi que le veut la procédure, répète à son tour « timon à la main » et quitte le poste de vigie qui était le sien jusque là.
AMBROSIO ne désigne pas quelqu’un d’autre pour tenir le poste de vigie.
Le timonier est allé se placer devant le timon, il appuie sur un bouton.
Le timonier ne vérifie pas ni si le timon fonctionne ni s’il fonctionne correctement.
à 21:36:00 :
la webcam de proue de la CONCORDIA prend sa dernière image
ici le freeware de croisiériste pour téléphone qui a permis d’obtenir cette image : Ship Mate
Le SCOLE est tout de suite en bas à droite, devant les lumières des villas.Le navire se dirigeait donc droit vers l’île et il n’en était pas loin, vu l’angle de la lumière terrestre aperçue.
à 21:36:10 :
AMBROSIO ordonne 290° et le timonier confirme. La fig 8 montre qu’à ce moment-là le navire est encore sur la trajectoire qui permet de rejoindre la nouvelle route, à 334°
à 21:36:15 :
La CONCORDIA ne tournant pas sur place, le waypoint est une entité mathématique et il faut amorcer le tournant avant d’être dessus.
La route prévue pour l’inchino apparait comme il faut en pointillés rouges
à 21:36:49 :
Ceci est répété plus loin :
Le Commandant était déjà en passerelle mais sans avoir encore assumé le commandement de la manœuvre ; bien que par deux fois, le Commandant soit intervenu avec des indications concernant le travail de la garde, indiquant de passer sur le timon à main et demandant un cercle de sécurité de 0,5 mille autour du navire
par conséquent, AMBROSIO, qui n’était pas encore relevé de sa garde, aurait du suivre les prévisions en se mettant parallèle à la côte au moment prévu bien que le Commandant soit présent dans la pièce et et bien qu’il (AMBROSIO) s’attende à être relevé de sa garde
donc son choix de continuer sur sa lancée allait contre les consignes qu’il avait reçues en tant qu’Officier de Garde
mais ce n’est pas pour autant que son comportement a été la cause directe de la collision parce que à 21:39:17, moment où le Commandant assume le commandement de la manœuvre, le navire était encore bien positionné pour pouvoir se placer parallèlement à la côte en sécurité relativement aux écueils et revenir sur la route planifiée par Monsieur CANESSA ( à 1,4 mille du SCOLE en position …
J’ai suivi le Commandant SCHETTINO, les quatre officiers de couverture et le timonier.
Silence assourdissant sur le travail du troisième officier CORONICA et/ou de l’élève officier URSINO que AMBROSIO aurait pu désigner à ses côtés en prévision de la manoeuvre d’inchino.
Leur travail de vérification est détaillé sur le document et :
chaque manœuvre exécutée par l’Officier de Garde doit se dérouler dans une absolue connaissance de ce qui se passe, ce qui implique qu’en cas de doute, le Commandant doive être immédiatement mis au courant.
Parce que, pour une raison que le souriceau ignore le premier officier AMBROSIO n’a pas donné l’ordre de tourner.
Le commandant SCHETTINO, se croyant environ 500 m plus à l’est que ce qu’il n’était, a enchaîné en commandant directement le positionnement parallèle à la côte.
Si je comprends bien, du fait que, quand le premier officier AMBROSIO a « passé le témoin » de la commande de la manœuvre au Commandant SCHETTINO la situation était récupérable d’après ce rapport et il n’a pas été déclaré responsable légalement de l’accident.
D’autres études et simulations ont été faites ultérieurement, la dernière date de cet été.
Autre chose : à 21h37, arrêt de la transmission AIS
J’ai emprunté cette image à Al là
Lui, il disait qu’ « arrêter les transmissions AIS, c’est l’indice qu’on va faire une connerie ».
Je ne sais pas, mais ce qui a du être aveuglant dans toutes les Capitaineries de Port voisines, c’est l’absence soudaine d’un paquebot géant.
#1 par claudielapicarde le 6 octobre 2014 - 17 h 01 min
Ca restera un mystère cette catastrophe, certains sont trop occupés à sauver leurs fesses et laisser porter le chapeau à une seule personne.
Bises et bonne semaine.
#2 par Monique-Mauve le 6 octobre 2014 - 18 h 09 min
Les autres inculpés ont déjà tous obtenu des « peines négociées », ce qui n’existe pas en France.
En clair, ils ont été jugés.
Comme on ne juge pas deux fois quelqu’un pour les mêmes délits toutes les fesses sont d’ores et déjà sauvées.
Le soutien existe pour que, à l’heure d’Internet, que le chapeau ne soit pas écrasant pour son porteur qui a, en dépit de ce que laissent entendre simultanément silence et pilonnage médiatique, ramené son bateau et son chargement humain choqué mais sain et sauf jusqu’à la pointe GABBIANARA.
Le sur-accident qui y a eu lieu a fait que, bien que devant rester droite trois heures après tout choc par construction, la CONCORDIA, posée sur un socle ferme, en chavirant a tué 32 personnes.
Par le passé on a vu maint capitaine avoir sa vie entière brisée par un semblable accident.
Dans le cas de la CONCORDIA ce serait tout de même un comble !
Bisous Claudie