Bilan du mois de Mai 2014

Vu à la télé avec trois mots inattendus prononcés tout naturellement : « complice », « manipulation », « tragédie »

Bonus au documentaire « Jeu d’influences : les stratèges de la communication », de Luc Hermann et Gilles Bovon, diffusé le mardi 6 mai 2014 sur France 5.

Je résume le message de l’interviewé : c’est grâce à une opération de communication réussie qu’aux yeux de l’opinion publique le Capitaine est le seul responsable.

Cette opération était nécessaire pour que l’industrie mondiale de la croisière et tous ceux qui en vivent, les petits aussi bien que les grands, ne subissent pas une crise en plus de la crise.

Comment est-ce que cela a été rendu possible ? l’opinion publique a été manipulée, nous apprenons que les victimes ont été manipulées aussi, le tout parce que les journalistes ont été, en masse, manipulés.

La méthode appliquée :

Monsieur Marc ESKENAZI, communicant de son état, est réveillé en pleine nuit par son collègue italien pendant la nuit du vendredi 13 janvier 2012.
Il se rend chez COSTA FRANCE, la télé est allumée devant l’état-major qui regarde les dernières informations sur la CONCORDIA.

Un paquebot de COSTA CROISIÈRES a été échoué devant une petite ile de l’archipel Toscan.
COSTA CROISIERES qui « avait patiemment bâti sa réputation sur le rêve et la sécurité » justement !

  • Une seule interview sera accordée par Monsieur Georges AZOUZE, le patron, à un seul journal dès le samedi : le PARISIEN. Le mot tragédie a été choisi pour parler de l’évènement.
  • Pendant ce temps-là, en Italie, le Capitaine SCHETTINO, le plus ancien dans le grade le plus élevé à bord, vient d’être désigné comme LE responsable, on publie à tour de bras que :

1°/ « il » s’est rapproché bien trop près de l’ile
2°/ « il » a déserté le navire en abandonnant les passagers

« Il sera tout fait pour éviter que la compagnie soit accusée de négligence, voire de complicité avec le Commandant. »

  • L’envoyé spécial du FIGARO en Italie est contacté pour aider à éteindre une polémique avec les passagers rescapés, une question de sous au sujet de leur indemnisation.

On annonce qu’on leur remboursera la totalité de la croisière, les trajets pour aller prendre le bateau et pour revenir après l’accident.


En Italie, on fixe un montant secret pour l’indemnisation, 11000 euros par passager, secret parce qu’on l’annoncera en deux étapes. Accueil mitigé lors d’un sondage discret alors

  • Premier montant plus petit annoncé dans le Figaro 8000 euros par personne. Saluons au passage l’utilisation subtile du conditionnel. 
  • Deux jours après les 8000, les 11000 euros d’indemnité sont annoncés. Et 85% des passagers acceptent. La pilule sous pour dommages subis est passée.

La première réaction est que c’est un sordide calcul sur le malheur subi. 

A la seconde lecture, c’est une opération commerciale courante, c’est le facteur humain qui indignait : les passagers ont été manipulés.

Comme pour les soldes, 1re démarque, 2ème démarque, vendu : communication réussie.

L’opération de communication de Monsieur Marc ESKENAZI est un succès, la marque COSTA est sauvée :

1°/  pour l’opinion publique, le Capitaine est le seul responsable

2°/  les clients sont revenus

3°/  le marché a repris plus vite que prévu.

La campagne de communication a été demandée à une société spécialisée et financée par COSTA et l’ensemble des grandes Compagnies de croisière dans le monde.

Voulez-vous jouer à « Jeu d’influences », un jeu de rôle gratuit et en français ?ce sera vous qui profiterez des conseils des communicants.

Costa a attaqué, dès les premières heures son capitaine, parce que la compagnie craignait qu’on croie qu’elle était COMPLICE avec lui.

Alors lequel et complice de quoi ?

Et qui à ce moment là pensait qu’il pourrait ne pas s’agir seulement d’un malheureux accident ? 

… sauf des personnes qui auraient tout fait pour que ça ressemble à un accident …

Voilà pourquoi il était aussi important de faire appel à une entreprise de communication
pour ne pas risquer de gaffer.

Corrine a reconstitué ce qui se sait de la chronologie des faits sous forme de tableau là 

Je résume en ce qui concerne le tournant à prendre pour longer la côte de l’ile du GIGLIO en venant de la route directe CIVITAVECCHIA-SALERNE :

le Capitaine AMBROSIO ordonne cap à 278°, puis cap à 290°

21 h 36 min 39 s, là où il se trouve la CONCORDIA, il faudrait prendre le tournant en ordonnant cap à 334°

le Capitaine AMBROSIO répète cap 290° et l’officier CORONICA confirme qu’on suit bien ce cap trop petit en nombre

en clair, à ce moment-là, « il » visait plutôt la plage de CANNELLE que les balises du port de PORTO-GIGLIO, « il » ne faisait pas tourner la CONCORDIA suffisamment pour pouvoir sortir de l’anse

pendant ce temps, le Commandant SCHETTINO se renseigne au téléphone pour savoir s’il aura bien (au futur) de l’eau sous la coque sur la route de l’inchino du mois d’août fait par le Commandant GARBARINO

ne me demandez pas pourquoi, mais le Commandant SCHETTINO a du retard par rapport à la réalité, je constate, c’est tout

La réalité lui apparait sous forme d’écume, il prend le commandement et demande cap 300°, 310°, 325°, 330°, 340°, 350° très supérieur à 334° mais …

Les journaux, récemment : « il dit qu’il a heurté un petit rocher » (indignation manifeste, je vois d’ici la personne chargée de la mise en page choisir la police d’écriture du titre avec la bouche en cul de poule).

Il a même dit que le rocher n’était pas sur la carte, alors que la CONCORDIA ramenait un paveton de plusieurs dizaines de tonnes encastré dans sa coque, si vous allez par là. 

en retard par rapport à la position réelle de la CONCORDIA aussi

Forcément, « ils » ont foncé tant qu’ils ont pu avant de ne pas tourner comme il faut, les ceusses qui étaient en charge du navire.
FANGIO aussi, mais sa voiture de course pesait beaucoup moins en termes d’inertie. Alors il réussissait les chicanes des circuits de Formule 1. Auxquelles il s’attendait : les pilotes savent leur circuit par coeur, comme nos coureurs du Tour de FRANCE.
Mais le timonier indonésien qui ne s’y attendait pas a loupé la chicane.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

A GROSSETO,

L’officier responsable de la vérification de la route qui s’est tu le soir du malheur s’est présentée à la Cour en continuant à se taire. Pourquoi ? elle a déjà été jugée et a fait sa peine négociée.

Le Commandant AMBROSIO est venu par respect pour les victimes, il a répondu aux questions qui lui ont été posées. Il a fait sa peine négociée et a repris son service à bord.

Le timonier indonésien joue toujours les arlésiennes.

A GÊNES, la société a touché les sous de l’assurance et la CONCORDIA pourra être reconstruite.

Partout dans le monde,
des familles pleurent des disparus, survivent au traumatisme en s’accrochant, ils pensent : « la fantaisie d’un capitaine contre des vies humaines ».


Mais le mot est faible ! c’est plus grave qu’une fantaisie, il me semble : 334° c’est 334°. Des officiers qui ont une culture scientifique de niveau universitaire, se tromper là dessus ?
Et qu’est-ce que c’est que cette histoire de pavillon de complaisance italien dont parle l’expert indépendant
 « M/S Costa Concordia was one of five very big Italian flag* (*Italian international or open register = Flag of Convenience) cruise vessels that could transport 3 780 passengers between European ports, just for fun served by about 1 100 crew members. 90% of the crew aboard was not Italian but poor, low paid Asians, East Europeans and South Americans not speaking Italian, the working language aboard. Some crew could speak English but didn’t understand the English of the Italian officers aboard. »

flag of convenience ! five ! cinq paquebots !

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