« Il faut refaire le procès » : le Commandant MALTESE défend Francesco SCHETTINO
par Umberto MALTESE, Conseiller national de l’USCLAC/UNCDiM/SMCD
(Union des Syndicats Nationaux des Commandants et Directeurs des Machines en ITALIE)
À mon avis, le procès médiatique continue, vu les échos de la prochaine présentation du livre de SCHETTINO à ISCHIA et des polémiques qui s’en suivent !
Même l’Etat qui s’en est mêlé pour faire que ce procès soit bâclé et vicié, depuis les enquêtes qui ont été très insuffisantes, jusqu’au mélange délirant des domaines d’intervention comme pour, par exemple, les consultants de l’accusation qui appartiennent pour la plupart à l’Autorité Maritime, et jouent ainsi simultanément les rôles du « contrôleur » et du « contrôlé ».
En effet, parmi ceux qui connaissent les actes du procès, comme moi, et connaissent aussi le travail par la pratique, nul ne peut nier que l’Autorité Maritime a de grosses responsabilités dans les causes du naufrage.
De même qu’il ne peut échapper qu’il y a eu plusieurs niveaux de responsabilité dans cette catastrophe, à commencer par celle de l’équipe de passerelle, celle des collaborateurs directs du Commandant si vous préférez, en particulier celle du Premier Officier – ainsi qu’il ressort des actes – lequel n’a pas suivi les consignes du Commandant en ce sens qu’il n’a pas pris son tournant, le repoussant, en dépit de la route planifiée au départ du navire qui, si elle avait été respectée, aurait permis d’effectuer le c. d. « salut » en toute sécurité et en accord avec les normes internationales ( 0,5 mille du GIGLIO), ainsi qu’il avait été demandé par le Commandant avant de commencer le voyage, en application du décret Dlgs. n. 28/2000.
Simultanément d’autres responsabilités ont contribué au désastre à différents niveaux de l’équipage et de la gestion des évènements par COSTA CROISIÈRES, la démolition précipitée autant que suspecte de l’épave n’étant pas la dernière.
L’espace m’étant compté, je n’en dresserai pas la liste mais je me dois de rappeler au moins deux choses à ce sujet :
selon l’art. 27 de la Constitution, la responsabilité pénale est quelque chose de personnel (doit répondre des faits celui qui les a commis),
et toujours suivant l’art. 27, c. 2 il y a présomption d’innocence jusqu’au jugement définitif, à la fin des différentes instances de justice.
Enfin, en ce qui concerne les responsabilités partagées sus-citées, l’art 40 du Code Pénal précise que « Ne pas empêcher un évènement, que l’on se doit de prévoir, équivaut à le causer ».
Par conséquent, au niveau des responsabilités individuelles, étant donné que la responsabilité pénale est personnelle, il me paraît clair que SCHETTINO a été condamné pour les seules fautes objectives qui, peut-être, lui seront attribuées à la fin des différents niveaux de justice, avec condamnation définitive.
Avec tout le respect du aux victimes du naufrage, le procès doit être recommencé, parce que les conneries qui ont fait couler des flots d’encre sont le fruit de l’incompétence et de la volonté d’un procès médiatique qui ne sont pas la vraie justice, mais une offense à la plus élémentaire jurisprudence.
Il est grave que des maires s’éloignent du légitime droit garanti par l’État et émettent – eux qui devraient être les garants de la légalité – des jugements sur le fond sans connaître un minimum les actes du procès, et d’autre part sans attendre la sentence définitive*.
Ainsi d’ailleurs que certains aubergistes.
Je n’ai pourtant entendu aucune voix crier au scandale, ni par les uns ni par les autres, au sujet des nombreux députés en villégiature ces semaines à ISCHIA, qui font l’objet de condamnations définitives pour des délits divers et variés, voire pour homicides.
Sous le nez des faux moralistes et des représentants de la loi !
* Depuis que le livre-enquête pour Vittoriana ABATE, livre de Mémoire pour le Commandant SCHETTINO a paru, il est régulièrement, comme tous les livres, l’objet de présentations au public.
Samedi dernier la présentation a eu lieu à ISCHIA, la presse s’est fait l’écho de la réserve de Monsieur de Maire à ce sujet, qui faisait suite à d’autres réserves de premiers magistrats italiens.
Certains d’entre eux se seraient même carrément opposés à cette forme modeste et laborieuse de droit de réponse dans les murs de leur cité.
… à ma connaissance la presse française n’a pas fait suivre …