Archives de 16 février 2014

Les paquebots français FORMOSE et MOSELLE ont porté secours au PRINCESSE MAFALDA

annales du sauvetage maritime – bulletin de décembre 1927

Avant l’arrivée sur place du FORMOSE, latitude 16°58 S et de longitude 37°51  depuis la réception du S.O.S., la communication radio avec le MAFALDA fait état de 500 passagers à bord et il n’y a plus de canots de sauvetages.

Les sauveteurs qui commandaient les chaloupes du FORMOSE : René VALTAT, Germain PELLET, Dominique LENA, Giovanni ROSSETTI (de nationalité brésilienne) ont ramené 125 naufragés.

Le capitaine marin brésilien Giovanni ROSSETTI était passager du FORMOSE, il s’est porté volontaire et a passé toute la nuit au sauvetage.

A 23h30 le Hollandais ATHENA annonce qu’il a 450 rescapés à bord.
55 passagers ont été récupéré par le MOSELLE ainsi que quelques marins et le chef cuisinier du MAFALDA qu’ils gardent à bord et intègrent à leur équipage
NB : la plupart des naufragés sont nus

Les personnes à bord du FORMOSE ont partagé leurs vêtements, que ce soient les marins où les passagers.

L’EMPIRE STAR a récupéré 185 personnes à la mer.
ROSSETTI a 27 passagers et déclare les garder à bord pour les débarquer à PERNAMBUCO.
Le capitaine du FORMOSE dit qu’il se fait un devoir d’écrire toute la satisfaction qu’il a eu dans cette douloureuse circonstance en voyant la discipline et le dévouement de ses 873 passagers et de ses 123 hommes d’équipage sans exception. Il déclare que tous, sans distinction de nationalité, ont obéi à tous les ordres dictés dans l’espérance de sauver le plus de passagers.
Le Capitaine ALLEMAND est décédé subitement en décembre 1927 à Aix en Provence.
QUITO le second officier, a été recueilli dans l’eau, il a sauté au moment où le MAFALDA coulait et il a nagé. Il était officier mécanicien.
 
Des sauveteurs ont été décrits comme traumatisés par les spectacles terribles dont ils ont été les témoins et ne peuvent plus repartir en mer.
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annales du sauvetage maritime – bulletin de janvier 1928

Le capitaine du FORMOSE, le capitaine ALLEMAND arrive sur les lieux à 21h, il est passe à environ 50 m sur l’avant du MAFALDA. 

 Il constate qu’il présente une très grande gîte sur bâbord, le couronnement* est presque immergé à l’arrière.

Le navire n’a plus longtemps à flotter, il serait imprudent de vouloir l’accoster davantage.

Battu en arrière en route pour étaler le navire sur place, mis quatre embarcations sous le vent à la mer.

A 21 h 30 quatre autre embarcations quittent le bord.
 
Le groupe commandé par M.VALTAT accoste le couronnement du MAFALDA et y prend les quatre passagers qui s’y trouvent.
Les autres, voyant l’arrière à fleur d’eau se sont tous réfugiés sur l’avant.
Le groupe commandé par M.PELLET accoste l’échelle de coupée bâbord, mais il est obligé de s’écarter aussitôt, le fracas de la vaisselle lui annonçant la fin immédiate du navire.

Il prend les passagers qui ont eu le courage de se jeter à la mer, tandis qu’il voit sur la passerelle le commandant du
MAFALDA jeter sa casquette, puis siffler longuement trois fois pour saluer sans doute ceux qui avaient essayé de le sauver avec tous ses passagers.
 
Ci dessous, rapport de mer du capitaine PRIVAT, commandant le paquebot LA MOSELLE de la Compagnie de Navigation Sud-Atlantique
« C’est en vain que nous cherchons le MAFALDA qui vient de disparaître sans que nous n’ayons rien entendu d’autre que le sifflet et nous sommes obligés de donner comme direction aux embarcations le FORMOSE.Mais à ce moment, nous commençons à entendre les cris d’appel des personnes à l’eau et les embarcations se dirigent vers elles.
Ces cris se trouvant situés par tribord, nous donnons un tour d’hélice pour porter le MOSELLE d’une façon plus précise au vent du point du sinistre, afin de le laisser dériver en travers du vent sur ce point pour tâcher de recueillir directement les naufragés.
C’est ainsi d’ailleurs que nous avons réussi à sauver quelques rescapés et à recueillir quelques corps que les docteurs et infirmiers ont vainement tenté de ramener à la vie.
Pendant ce temps les embarcations pratiquent un travail horriblement pénible à tous les points de vue :
beaucoup trop grands et trop lourds pour pouvoir évoluer rapidement, ainsi qu’il serait nécessaire afin de répondre aux appels qui s’élèvent de tous côtés, les volontaires, peu habitués au maniement de l’aviron, s’exténuent rapidement ;
gênées par le gros clapotis, par les épaves sans nombres qui montent du fond, les heurtent rudement de tous côtés et les entourent rapidement, blessant ou assommant les rescapés qui appellent au secours, par le manque d’éclairage dans la nuit noire où les lumières des navires qui entourent ne peuvent qu’éblouir sans aider aux recherches, sauf lorsque le rescapé appelant tombe dans le champ de nos réflecteurs, les bonnes volontés s’exaspèrent d’avoir si peu de rendement au milieu des appels sans nombre des sinistrés.
Dans l’une des embarcations, un jeune matelot, PRAT Albert, a l’idée de fabriquer une torche avec des chiffons et le pétrole existant à bord, ce qui permet a cette embarcation de recueillir davantage de naufragés.Beaucoup de cadavres paraissent mutilés par écrasement ou heurts d’épaves ; les requins ont dû également faire beaucoup de victimes car nous avons pu constater leur présence, nombreuse, et beaucoup de corps ont été vus avec des membres en moins. »

* Le couronnement est un terme désignant un endroit bien précis d’un navire, à savoir la partie arrondie en console au dessus de la poupe et des hélices, qui n’est pas toujours sur le pont principal, mais parfois au dessus. Tout dépend de la configuration du navire. Sur le Principessa Mafalda, c’est la salle de restaurant des passagers de seconde classe qui se trouve sur le pont principal, et celle-ci est flanquée de 2 escaliers qui montent à l’étage supérieur.

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