Elle s’était retournée complètement aussi !
Il y a dix ans j’étais encore devant le tableau noir et j’enseignais, entre autres, la Mécanique des terriens lorsque la JOOLA a sombré loin d’ici et pourtant presque en France.
C’est la lecture du journal qui m’a appris qu’avait eu lieu récemment au Sénégal une commémoration du naufrage du Joola.
Pour bien comprendre l’ampleur de ce drame, il convient de faire d’abord un tout petit peu de géographie : le SÉNÉGAL est pratiquement coupé en deux par un petit pays tout en longueur, la GUINÉE qui suit le seul grand fleuve. Sa partie inférieure, la CASAMANCE, ne peut écouler ses productions qu’à DAKAR, la capitale, située de l’autre côté de l’embouchure dudit fleuve. Le trajet entre les deux ne peut se faire que par bateau.
Voici le récit de la catastrophe qui s’est produite avec un fond de 23 m sur le site KASSOUMAY .
Quelques images d’époque (âmes sensibles s’abstenir)
C’est une présentation, un extrait du film « L’ancre du souvenir » qui est ou va sortir en France.
Le témoignage d’un des quelques survivants
En quelques mots :
un bateau hors d’état de prendre la mer et qui l’a prise quand même
avec une radio HORS D’USAGE,
dont AUCUNE fusée de détresse n’est partie,
avec des radeaux gonflables dont UN SEUL a pu être descendu,
ne parlons pas de chaloupes, il n’y en avait pas,
surchargé d’une façon hallucinante
en matériels
en passagers
il s’est mis à pleuvoir
pour se protéger, les passagers sont tous allés du côté abrité
et le bateau s’est incliné de ce côté-là
tout simplement
à partir du moment où le seuil de gîte a été dépassé,
ça s’est joué en secondes, pas en minutes,
le fait de se retrouver la quille en l’air
il a eu des poches d’air ça et là,
qui n’ont fait que retarder la noyade des gens qui se trouvaient à proximité,
de dehors on a entendu longtemps taper sur les parois les gens qui étaient dessous,
piégés vivants
puis la panique engendrée par l’instinct de survie,
en créant des remous a dissout ces poches en millions de bulles minuscules,
c’était fini.
à bord ils étaient plus de 2000 sur un bateau fait pour en porter 500
Seuls ceux qui étaient sur le pont avaient une chance de survivre,
ils étaient nombreux sur le pont, mais ils ne savaient pas nager :
c’étaient des agriculteurs
qui allaient vendre leur production à DAKAR
c’étaient 400 étudiants et lycéens
toute la jeunesse étudiante de la Casamance,
c’était la rentrée scolaire
et au SÉNÉGAL, les études, on veut en faire
quitte à aller en internat
loin de la famille
pour le temps qu’il faudra
Amadou, le meilleur élève du BEP Électronique à PMF, si tu me lis, un grrros bisou.
Ça fait une génération décimée pour toute une région
car ce sont surtout des jeunes qui ont trouvé la mort cette nuit là
il y a eu 6 jeunes sur 64 rescapés en tout
les survivant
tous des passagers, ont attendu toute la nuit
sur la quille ou dans le seul radeau gonflable qui avait pu être ouvert
dans la nuit qui est particulièrement noire au Sénégal
devant les pêcheurs qui étaient accourus
avec l’horreur d’entendre les bruits s’affaiblir dans la quille
attendu toute la nuit
que l’armée donne la permission aux pêcheurs
de s’approcher pour les secourir.
seulement,
il n’y avait pas de radio en état de marche dans la JOOLA
son Commandant n’avait pas pu appeler au secours
la permission n’est arrivée que le lendemain matin
Il y avait bien longtemps qu’on n’entendait plus rien
du frère,
de la compagne,
des autres,
rien.
Les survivants se sont regroupés en associations, laissons leur la parole, cette vidéo date de l’an dernier :
Pour ceux qui voudraient se rapprocher des survivants français :
Blog français tenu par Alain DEVALPO : Souvenons-nous du JOOLA et sa page Facebook
Il existe d’autres blogs qui parlent du JOOLA, ainsi qu’une association qui regroupe tout le monde et qui se bat pour savoir
POURQUOI cela a été possible,
et
COMMENT c’est déjà arrivé,
il y a juste dix ans cette année.
L’affaire est close sur place, seule l’Association des Familles des Victimes du Naufrage porte l’espoir des familles d’obtenir des réponses à leurs questions. Leur combat, à eux qui se battent depuis dix longues années, est pour la vérité et la justice.
Les corps et les affaires personnelles, vous l’avez vu, sont toujours dans la JOOLA, le renflouement est toujours repoussé, le deuil ne peut pas se faire parce que les passagers sont tous des terriens et que pour eux, je cite « la mer n’est pas un cimetière ».
S’ils avaient été écoutés, est-ce que la Concordia aurait eu, elle aussi, un accident cette année ? Compte tenu de tout ce qui est en train de paraitre en ce moment dans la presse italienne, il est fort probable que non.
En cherchant pour le relire le rapport de l’Amiral Yves LAGAGNE sur l’accident de la Costa Concordia (dont je devais finalement trouver un résumé (en anglais) ici) je suis tombée sur ce rappel :
Les accidents maritimes graves évités sont légions. Alors Secrétaire Général de l’Organisation Maritime Internationale, monsieur William O’Neill, posait remarquablement bien le problème dans un discours qu’il prononçait le 15 mai 2000. Evoquant une douzaine d’accidents évités relativement récents de navires à passagers, il concluait :
« nous ne pouvons pas compter indéfiniment sur la chance ! ».
Cela a été dit le 15 mai 2000 !
après le naufrage du TITANIC il y a 100 ans !
en 2002, la JOOLA qui se retourne
maintenant, en 2012 la CONCORDIA
qui a pu être échouée avant
Il faudrait peut-être penser à régler la question avant 2022
non ?
c’est juste l’avis du souriceau de bord de la Costa Concordia qui ne comprend pas bien
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